Janvier 2015. Chacun d’entre nous garde en mémoire cette blessure.
Impossible d’oublier les locaux ensanglantés de Charlie Hebdo, la
sidération en écoutant s’égrener les noms si familiers de ces dessinateurs,
symboles d’une liberté assassinée. Impossible, aussi, d’oublier notre stupeur
devant la haine antisémite qui se déchaîna dans l’Hyper Cacher. Ce périple
meurtrier mené par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, fanatiques enivrés de
propagande djihadiste, fit dix-sept victimes et des millions d’endeuillés. Une
tuerie monstre, un traumatisme, qui ébranla la société française et bien
au-delà. Cinq ans et demi plus tard, le procès de ces attentats s’ouvre ce
mercredi à Paris devant la cour d’assises spéciale. Lourde tâche, tant ces
quarante-neuf journées d’audiences, exceptionnellement filmées, dépassent le
strict cadre judiciaire.
D’aucuns prédisent que l’attente sera déçue. Et qu’en l’absence du trio
d’assassins, abattus lors des assauts policiers, l’interrogatoire des « petites
mains » risque de ne présenter que peu d’intérêt. Voire. Sur le plan des faits,
il devrait permettre, au minimum, de mieux saisir l’engrenage morbide de ce
carnage, de jauger de la dangerosité des quatorze accusés. Et de montrer
clairement que, derrière les gestes ultimes des meurtriers, gravite une galaxie
de complicités sans lesquelles l’acte terroriste n’aurait jamais pu avoir lieu.
Mais, surtout, la justice va endosser ici sa fonction première. Celle de
remettre la parole et le dialogue au milieu des hommes. De leur donner le
dernier mot là où d’autres veulent imposer la terreur et la violence. En ce
sens, les témoignages des blessés et proches des victimes seront un moment
crucial. Et indispensable.
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