Les six Français tués au Niger avec leur chauffeur et leur guide allaient
voir des girafes. Possible. La zone n’était pas classée rouge, c’est-à-dire
fortement déconseillée aux visiteurs et aux touristes. Ils auraient pu
rencontrer par hasard leurs assassins circulant à moto et saisissant cette
opportunité de procéder à leur exécution. Possible encore. Les massacres dans
la région sont réguliers et fréquents. Il y a quelques mois, 89 soldats de
l’armée nigérienne étaient massacrés par surprise, 71 quelques semaines plus
tard. Dans toute la zone ou agissent les groupes terroristes de trois
organisations djihadistes différentes, après ce que l’on croyait être l’an
passé une amélioration de la situation, les attentats ont été multipliés par
sept depuis trois ans, faisant des centaines de victimes.
Autant dire que rien n’est réglé dans la région, malgré les
5 000 hommes de l’opération française « Barkhane », l’aide relative des Américains
avec une base de drones et les forces des cinq pays de ce que l’on appelle le
G5 Sahel : Mauritanie, Mali, Tchad, Niger et Burkina Faso. On se souvient qu’il
s’agissait, dans l’urgence, de bloquer l’avancée islamiste vers Bamako, la
capitale du Mali, ce qui a été chose faite, et ensuite de remporter contre les
groupes armés une victoire durable si ce n’est définitive.
C’est loin d’être acquis et on a même le
sentiment, à certains égards, que c’est le contraire. La réalité, c’est que la
présence française est moins bien tolérée dans ces pays au fil du temps. Le
fait même que ce soit l’ancienne puissance coloniale qui soit engagée,
quasiment seule, dans ces opérations était en soi un problème. Mais la
situation ne fait que s’aggraver, alors qu’aucun des problèmes sociaux et
économiques des pays concernés n’est vraiment réglé. L’islamisme y progresse au
sein des populations mêmes des villes, apparaissant comme une réponse possible
et acceptable aux attentes déçues. C’est dire qu’il n’y aura pas dans la région
de victoire militaire et de règlement politique sans vraies politiques de
développement.
Par Maurice Ulrich
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