Il y a des coïncidences de calendrier qui en disent long sur la société.
Cet été est celui des premières annonces de licenciements consécutifs à la
crise sanitaire : Camaïeu, Derichebourg, Cargill, Renault, les secteurs de
l’aéronautique ou du BTP… Réelles difficultés liées au Covid ou effet
d’opportunité pour certains, trois fois plus de licenciements ont eu lieu ces
derniers mois par rapport à l’année dernière. Et encore n’est-ce là que le
début d’une hécatombe qu’on annonce terrible. Ces dizaines de milliers de
salariés vont se retrouver dans une difficulté à court et moyen terme :
survivre sans salaire et retrouver du boulot en pleine crise, double gageure.
Mais c’est un peu de leur faute quand même. Pourquoi avoir choisi la chaîne
de montage ou la vente ? Il leur eût été si simple de bien naître, d’hériter de
privilèges et de construire une force politique pour les conserver. En
s’engageant aux côtés d’Emmanuel Macron, ils n’auraient pas eu de telles
difficultés. En effet, cet été est aussi celui où l’on recase à tour de bras.
Muriel Penicaud, Christophe Castaner et tous les membres des cabinets de
l’ancien gouvernement ont trouvé un point de chute, voire une promotion.
Regardez Agnès Buzyn et son formidable parcours : elle quitte le navire du
ministère de la Santé en plein Covid pour satisfaire des ambitions personnelles
à la mairie de Paris. Après avoir lourdement chuté dans une ville promise aux
macronistes, elle se retrouve sans poste. Qu’à cela ne tienne : elle devrait
être est nommée patronne d’Universcience, qui gère la Cité des sciences et le
palais de la Découverte.
Quel rapport entre un médecin et cette
institution ? Aucun. Mais la compétence n’est pas le critère premier pour le
reclassement des élites. Ils sont ainsi une soixantaine à avoir un nouveau
poste depuis le début de l’été. Pour eux, pas un jour de chômage, pas une once
de souci pour l’avenir. Si l’ascenseur social est en panne, le renvoi
d’ascenseur, lui, marche à plein. « Les privilèges sont encore
nombreux », écrivait Macron dans son programme en 2017. Et il s’y
connaît.
Par Cédric Clérin
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