jeudi 20 août 2020

Agitation ministérielle estivale (Patrick Le Hyaric)


Ce n’est plus un premier ministre! Cest le chef du grand barnum de la précampagne présidentielle de M. Macron. La tactique est simple: multiplier les déplacements pour être omniprésent et seul sur les chaînes de télévision. Faire terroir pour cacher qu’on sert les intérêts des puissants. Saturer l’espace public pour tenter d’étouffer tout projet d’alternative tout en s’appuyant sur la pandémie pour accroître les peurs, et les replis.

Que le port du masque se fasse à la carte, qu’il soit devenu un dispositif de protection obligatoire dans des lieux publics et qu’il soit payant est inacceptable. Si les choses continuent, des familles modestes de 4 enfants vont devoir consacrer un budget équivalant à un salaire mensuel à l’achat des masques. La protection des citoyens est un devoir constitutionnel de l’État. Les masques doivent donc être gratuits et les tests généralisés.
Un premier ministre peut sauter de ville en ville selon les sujets d’actualité, cela ne fait pas une politique du bien-être et de santé. Cela ne constitue pas davantage un plan audacieux et adapté aux conditions actuelles, ni une reconnaissance réelle des personnels soignants et médicaux, ni n’ouvre aucun processus de «reconstruction-métamorphose» de notre industrie et dun projet agricole et alimentaire lié au vivant et à la santé. On ne peut se prétendre défenseur des terroirs sans travailler à déployer massivement des services publics modernisés et démocratisés, condition du renouveau de ceux-ci.
La sécheresse qui va flétrir une année de plus nos campagnes et les forêts nous somme d’accélérer une transition agroécologique des systèmes productifs comme enjeu de survie. Agir pour que le nombre de demandeurs d’emploi ne monte pas en flèche dans les semaines à venir, que les plans sociaux soient traités tout autrement en conditionnant les aides et les crédits au travail, à la formation et au mieux-être des travailleurs, implique d’associer les travailleurs aux choix à venir.
Les évolutions possibles de la pandémie obligent à inventer du neuf vers un processus de transformation jusqu’au post-capitalisme. S’avancer vers cet horizon est à la fois l’objectif des militants de l’émancipation humaine et un socle unificateur permettant de surmonter les peurs et les divisions entretenues en haut lieu. D’un côté ils tentent d’étouffer les mobilisations populaires, de l’autre chaque fait divers est valorisé pour illustrer le vocable poison «densauvagement», diviser et stigmatiser les quartiers populaires et des travailleurs. On désigne des boucs émissaires pour mieux protéger les puissances d’argent, leurs dividendes et leur évasion fiscale.
La stratégie du duo président-premier ministre vise à disputer l’électorat de droite à l’extrême droite en vue de l’élection présidentielle. Dans un tel contexte, les forces de la gauche doivent être plus actives dans le débat d’idées et dans l’action. Mettre l’accent sur la vie réelle et les questions sociales, démocratiques, viser une métamorphose environnementale de la production comme de la consommation, pour incarner une alternative mobilisatrice et crédible. Une enquête publiée en juillet par l’Ifop (1) ne laisse pas d’inquiéter en ce qu’elle montre un nouvel affaiblissement des idées progressistes et du nombre de celles et de ceux qui se réclament de la gauche. Ceci explique sans doute, pour partie, la stratégie actuelle du duopole au pouvoir. L’enjeu est énorme du point de vue des intérêts populaires et nationaux.
La Fête de l’Humanité qui va se dérouler dans des conditions particulières sera un des lieux de ce débat indispensable pour donner du tonus aux idées de la transformation sociale, démocratique, écologique.

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