Tant de serments présidentiels déchirés, de « réinventions » ajournées,
de promesses élyséennes abandonnées et de mea culpa sans lendemain qu’on peine
à en tenir la liste. Prenez la revalorisation des métiers de « première
ligne », sous-payés et méprisés, ou celle à tout point de vue en dessous de
l’investissement et des besoins des soignants, et maintenant, le logement… Ou
du moins ce qui en usurpe le nom, s’agissant de taudis sur le point de
s’effondrer sur leurs habitants, lesquels ne rêvent que d’en partir. Piégés
comme les rats, certains en meurent parfois, comme en 2018, rue d’Aubagne à
Marseille.
Jeudi, justement, Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée au Logement, s’est
rendue sur les lieux du drame aux côtés de Michèle Rubirola, fraîchement élue
maire de la cité aux 13 % d’habitats indignes, à la tête d’une majorité
qui a mis ce problème en haut de ses priorités. Les habitants étaient là eux
aussi, a rapporté la Marseillaise, pour interpeller la ministre
sur « l’état d’abandon dans lequel on (les) laisse ». Emmanuelle
Wargon a promis : « Nous serons à vos côtés. » Mais aux côtés
de qui, exactement ? Car au moment où parlait la ministre, l’Humanité mettait
la main sur un projet d’ordonnance de son gouvernement, qui entend rétablir la
faculté pour les bailleurs d’exiger, contrairement à ce que prévoit la loi
actuelle, le paiement des loyers des logements dont les parties communes,
pourries ou infestées de vermine, sont déclarées insalubres. Aujourd’hui, dans
ces conditions, les échéances des locataires sont suspendues de droit. Cela ne
résout pas tout, mais au moins les propriétaires sans scrupules sont-ils lésés
financièrement, tandis que leurs victimes sont soulagées de n’avoir pas en plus
à payer pour subir les ravages du mal-logement.
À rebours de la communication du ministère
qui proclame sur son site vouloir « déclarer la guerre aux marchands de
sommeil en les tapant au portefeuille », c’est donc la politique du gouvernement
sur le logement qui est comme frappée d’insalubrité, rongée de l’intérieur. À
moins que la lumière faite sur le document dans nos colonnes n’en scelle
précipitamment le sort.
Par Sébastien Crépel
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