Le coup de force conduit par des
officiers supérieurs de l'armée malienne marque une nouvelle étape dans le
délitement total de la situation du pays. Le président de la République,
Ibrahim Boubakar Keïta, qui a été arrêté, a annoncé sa démission, celle du
gouvernement et la dissolution du Parlement. Quant aux militaires, qui ont
procédé également à la neutralisation de la presque totalité de l'état-major et
à l'incarcération de personnalités civiles, ils annoncent une transition civile
censée conduire à des élections. Ils ont reçu le soutien d'une partie de
l'opposition organisée autour du mouvement M5-MFP, coalition d'hommes
politiques, de représentants de la société civile et de religieux.
Cette intervention d'une partie des militaires
est le résultat d'une dynamique de mécontentement profond face à la crise
sécuritaire, sociale et politique dont la lutte contre le djihadisme n'est
qu'un aspect.
Depuis des décennies, le peuple malien
subit des politiques libérales et d'ajustements structurels entravant toutes
politiques publiques de développement, aggravant les inégalités et la misère.
La corruption généralisée, la gabegie, nourrissent le ressentiment et la colère
sociale face à l'enrichissement éhonté de la classe dirigeante. Les droits
humains y sont constamment bafoués par des régimes autoritaires soutenus à bout
de bras par des puissances étrangères et notamment la France. Rien n'est fait
pour traiter les causes de ce désastre alors que la situation sociale ne cesse
de s'aggraver.
Par ailleurs, le pouvoir en place,
totalement discrédité, était largement contesté depuis les récentes
législatives. L'opposition, avait dénoncé les fraudes massives donnant lieu à
des manifestations pacifiques d'ampleur. Celles-ci ont été durement réprimées
dans le sang, faisant plus d'une vingtaine de morts parmi les protestataires
sans que cela n'émeuve les protecteurs du régime.
Ces impasses s'exacerbent avec la
déstabilisation conduite par des entreprises de violence liées au banditisme et
aux groupes armés djihadistes. Ces organisations continuent à gagner en
influence, montent en puissance, en effectifs, et étendent leur implantation.
De toute évidence, l'hyper-militarisation avec notamment la présence croissante
des forces armées françaises ne produisent pas l'effet escompté et marque ses
limites en raison de l'absence de perspectives politiques.
Les attaques se multiplient, éprouvant
massivement l'armée malienne. En son sein, la grogne monte face aux revers, à
la pression des combats, aux problèmes de solde alors que les fonds alloués aux
forces armées ont accéléré une corruption devenue insupportable. L'indifférence
à leur sort de la part des autorités politiques mais aussi la dénonciation
d'exactions contre les civils notamment dans le village d'Ogossagou, ont
contribué à ce coup de force alors que les militaires étaient jusqu'à présent
restés en dehors de la contestation.
Ainsi, les solutions promues par la
communauté internationale et plus particulièrement Paris, avec ses ingérences
multiples, ses politiques d'austérité et la militarisation exclusive conduisent
à l'échec et au chaos politique.
Comme le réclament les Maliens, il n'y a
pas d'autres alternatives que le dialogue entre les forces sociales et
politiques pour trouver une issue à la crise. Il appartient aux Maliens de
décider seuls de leur avenir pour rester maîtres de leur destin. L'absence de
développement génère le désespoir et nourrit les forces réactionnaires et
régressives qui se positionnent à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il y a
urgence d'une transition ouvrant une perspective de paix durable. Le Parti
communiste français est aux côtés du peuple malien afin de bâtir une
coopération solidaire fondée sur le progrès social et le respect des droits
humains et démocratiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire