dimanche 23 août 2020

DISPARITION. GERVAISE GALLEPE, UNE LYCÉENNE DANS LA RÉSISTANCE (JÉRÔME SKALSKI)




La jeune communiste avait lancé la manifestation du 11 novembre 1943. Elle s’est éteinte le jeudi 19 août à l’âge de 98 ans.
«J e suis née avec Lénine, je suis née avec le Parti, je suis née dedans. Mon père a adhéré au Parti à sa création, au congrès de Tours. Pour mon père, c’était l’avenir du monde », expliquait-elle devant la caméra de son fils, Jean-Pierre Gallepe, dans le documentaire Gervaise et Jean, des lycéens dans la Résistance (1).

Née Joly, le 18 janvier 1922 au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), Gervaise Gallepe, adhérente aux Jeunesses communistes, est élève au lycée Fénelon, à Paris, au moment où la guerre éclate. Elle s’engage dans la Résistance, sous la direction notamment de Ginette Cros et de Francis Cohen. Elle rencontre le résistant Jean Gallepe avec qui elle se mariera le 10 octobre 1944 à Ivry-sur-Seine, avec Jacques Duclos comme témoin, ami intime des Joly, au début de l’année 1943. Membre du Comité national de l’UJRF en 1945, puis de l’UJFF et de l’UFF, elle sera gérante du journal Fille de France, de 1944 à septembre 1947.

Membre du bureau de section du PCF de Romainville où elle s’est installée avec son mari après la Libération, Gervaise Gallepe sera adjointe au maire de Romainville de 1959 à 1977, sous le mandat des maires communistes Pierre Kerautret tout d’abord puis, à partir de 1966, Gérard Machelart. Installée dans l’Yonne, à Asnières-sous-Bois, près de Vézelay, en 1980 pour leur retraite, Gervaise et Jean continuent de militer au PCF.

Entre autres actions de résistance, Gervaise Gallepe fut chargée, en chantant l’hymne national, de lancer la manifestation du 11 novembre 1943 organisée dans la cour de la Sorbonne en souvenir du rassemblement du 11 novembre 1940 organisé place de l’Étoile contre l’occupant allemand et contre l’arrestation de Paul Langevin du 30 octobre 1940, « signal de la lutte ouverte des puissances obscurantistes contre la culture et la pensée libre », selon un tract de l’UEC de l’époque. « C’était une Marseillaise tremblante », s’amuse-t-elle dans le témoignage filmé par son fils en 2011. Une Marseilaise qui résonne jusqu’à nous en mémoire de ces lycéens et étudiants résistants qui furent parmi les premiers à braver la collaboration pétainiste et l’occupation nazie.
(1) Gervaise et Jean, des lycéens dans la Résistance, de Jean-Pierre Gallèpe, 2012.

Jérôme Skalski


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