L’initiative va-t-elle faire des émules ? Le Mexique et l’Argentine
viennent d’annoncer qu’ils s’associaient avec le laboratoire AstraZeneca et
l’université d’Oxford afin de garantir la production d’un vaccin anti-Covid
pour toute l’Amérique latine. Objectif : 250 millions de doses à un prix
qui, dans tous les cas, ne dépasserait pas les 3 euros. Sans sombrer dans
l’euphorie béate, reconnaissons que cette démarche de solidarité mondiale a
valeur d’exemple. Et devrait inspirer nombre d’États qui, derrière les discours
de façade sur la nécessaire coopération, se livrent en coulisses à une lutte
acharnée pour s’assurer un accès exclusif aux soins.
S’il se poursuit, ce « nationalisme vaccinal », couplé à une course aux
profits des firmes pharmaceutiques, risque d’avoir une conséquence dramatique :
celle de priver de remèdes les personnes les plus démunies, notamment dans les
pays en développement. Or, en matière de pandémie, la solidarité internationale
n’est pas qu’une question morale ou éthique. Elle est l’assurance d’une lutte
efficace. Compte tenu de sa facilité de propagation, le coronavirus ne peut
être vaincu que s’il ne subsiste aucun foyer. L’accessibilité aux traitements
dans toutes les régions du globe est donc indispensable pour éviter
d’incessants redémarrages et leur cortège de drames humains et économiques.
Parvenir à cette universalité ne va pas de
soi. Elle demande de contraindre les labos bénéficiaires des subventions
publiques à fournir les futurs vaccins à prix coûtant. Elle passe par une mise
en commun des futurs brevets, par un renforcement des systèmes de santé des
pays les plus fragiles… Tout cela a un coût évidemment, devant lequel certains
reculent déjà cyniquement. Qu’ils sachent que le montant de cet investissement,
quel qu’il soit (l’OMS évoque 85 milliards d’euros pour développer un
large accès aux soins), sera toujours moins élevé que le prix des multiples
plans de relance destinés à faire face aux conséquences de la maladie. Depuis
le début de la crise, les pays du G20, à eux seuls, ont déboursé plus de
9 600 milliards d’euros en aide aux ménages et aux entreprises ! Sans
commune mesure avec le financement d’une gratuité généralisée des remèdes
anti-Covid.
Par Laurent Mouloud
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire