« Révolution, aidez-nous… » Ce sont les mots scandés par la foule devant
Emmanuel Macron dans un quartier dévasté de Beyrouth. La catastrophe pourrait
avoir les effets d’un précipité, dans tous les sens du terme. Là où les choses
se précipitent et se cristallisent. Un dramatique et terrible accélérateur de
la crise marquée par les manifestations quotidiennes de l’an dernier
jusqu’avant l’apparition du virus. Emmanuel Macron a appelé à des changements,
a un nouveau pacte politique, à la lutte contre la corruption. Il a promis
l’aide de la France en assurant qu’il reviendrait pour en mesurer les effets et
veiller à son utilisation. D’accord, mais on a un peu le sentiment qu’on
connaît la chanson, façon Dalida. Paroles, paroles…
Nul ne doute, bien sûr, qu’il soit nécessaire de lutter contre une
corruption endémique. Mais elle n’est pas seulement le fait d’un système
clanique avec une répartition du pouvoir entre les factions qui se tiennent par
la barbichette et le portefeuille. Sept milliardaires disposent de deux fois
plus d’argent que 50° % de la population. 42 000 personnes possèdent
50 % de la richesse nationale. Alors que les possesseurs de comptes bancaires,
voient leurs avoirs presque bloqués, les banques libanaises ont accordé au
total 50 milliards de prêts à des opérations immobilières de luxe, avec
les dérives que l’on peut imaginer sans peine…
Le FMI soumettrait une
aide de 10 milliards de dollars à des réformes. Mais lesquelles ? Celles
qui aboutissent toujours à faire porter le poids des dettes sur le peuple, ou
bien des réformes s’attaquant sans bla-bla aux terribles inégalités qui minent
le pays ? Les Libanais, qui ont commencé à déblayer les décombres, font preuve
d’un courage qui mérite notre admiration et surtout notre soutien, financier et
politique. Mais ce qui s’est exprimé devant Emmanuel Macron, c’est la volonté
ferme, clairement affirmée, de ne pas en rester là. Il faut en effet que les
choses changent, mais sans doute bien plus loin, bien plus profondément que ce
que pense le président français dans son rôle un peu surjoué.
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