Le Conseil scientifique alerte sur une
situation « contrôlée mais fragile ». De plus en plus de villes rendent cette
mesure de protection obligatoire en extérieur.
La chaleur de l’été, l’insouciance des vacances pourraient nous le faire
oublier. Pourtant le virus est toujours bien présent. Et inquiétant. « La
France se trouve dans une situation contrôlée mais fragile, avec une
recrudescence de la circulation du virus cet été », alertait le 5 août sur
France Inter Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique. Selon
lui, la France dispose de « tous les outils, et le suivi des contacts se fait
dans d’assez bonnes conditions ». Mais « on pourrait vite basculer dans une
situation comme celle de Barcelone, qui a été obligée de reconfiner
partiellement ».
Si le port du masque, la distanciation sociale et les tests permettent de
limiter le nombre de cas, il n’en demeure pas moins que le nombre de malades du
Covid-19 hospitalisés en réanimation a enregistré sa deuxième hausse
consécutive après une tendance générale à la baisse depuis avril. Mardi
4 août, le pays comptait 13 nouveaux foyers de cas groupés
(clusters), mais 441 clusters ont été clôturés et 1 039 nouveaux cas
de Covid-19 confirmés ces dernières 24 heures. En une semaine, celle du 20
au 26 juillet, le nombre de cas a augmenté de 54 %.
« On ne peut pas exclure une reprise
épidémique »
Le ministère de la Santé a rendu public lundi 3 août le huitième avis
du Conseil scientifique. Le document s’inquiète de la perspective « hautement
probable » d’une deuxième vague épidémique « à l’automne ou l’hiver ». Dans un
temps plus proche, en l’absence de mesures suffisantes (gestes barrières, port
du masque, distanciation physique, lavage des mains), « on ne peut pas exclure
une reprise épidémique dès l’été, en particulier à l’occasion de rassemblements
mal contrôlés », précise l’avis des 13 experts du Conseil scientifique qui
guide le gouvernement.
Par ailleurs, les scientifiques appellent les grandes villes à préparer un
plan de « confinement local plus ou moins important en fonction de
l’épidémie ». Déjà, de plus en plus de villes optent pour l’obligation du port
du masque en extérieur.
Depuis mercredi 5 août, le masque est obligatoire dans les zones les
plus fréquentées de Toulouse. Il en sera très prochainement de même à Paris et
dans d’autres villes, alors que c’est déjà le cas à Lille, Nice, Tours,
Bayonne…
Une préparation locale dans les zones à
forte densité
Dans l’esprit de tous, il s’agit avant tout d’éviter un reconfinement
généralisé aux effets socio-économiques catastrophiques. « La réponse à cette
probable deuxième vague devra être différente de la réponse de la première », a
ainsi souligné le Conseil scientifique. Les 13 membres demandent au
gouvernement des « plans de prévention » axés notamment sur les 20 plus grandes
métropoles : « Un confinement local plus ou moins important en fonction de
l’épidémie doit faire l’objet d’une préparation dans ces zones à forte
densité. »
En outre, le Conseil scientifique déplore
des « lenteurs » dans la stratégie de tester, tracer et isoler les cas
positifs. Il préconise d’améliorer l’accès aux tests, dont les délais sont trop
longs. Les experts plaident pour « demander à l’ensemble des virologues en
France de s’organiser et de participer à la mise en place et à la validation de
nouvelles stratégies de tests diagnostiques (prélèvements salivaires, tests à
résultat rapide…) ». Il propose un contrôle plus strict des voyageurs arrivant
de pays « à risques », avec des tests à leur départ ou leur arrivée et une mise
en quarantaine de 14 jours. Enfin, il conseille l’organisation du
télétravail dans une perspective de moyen à long terme pour les personnes à
risques.
Nadège Dubessay
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