En octobre 1972 s’ouvrait le procès de
cinq femmes ayant eu recours à un avortement, dont une mineure l’ayant pratiqué
suite à un viol. La défense de ces femmes a été assurée par l’avocate Gisèle
Halimi, déjà engagée dans la lutte pour les droits des femmes.
Le nom de Marie-Claire est resté dans les
esprits de beaucoup de militantes féministes de l’époque. Violée par un garçon
de son lycée à l’âge de 16 ans, Marie-Claire tombe enceinte et refuse de garder
l’enfant. Sa mère, Michèle Chevalier, va la soutenir dans ses démarches
d’avortement alors même que la législation interdit pénalement les
interruptions volontaires de grossesse. Elle sera inculpée pour complicité avec
deux collègues, une quatrième femme sera également arrêtée pour avoir pratiqué
l’avortement.
À la bibliothèque de la RATP, Michèle
Chevalier, employée par l’entreprise publique, trouve un ouvrage de Gisèle
Halimi, "Djamila Boupacha", relatant l’histoire d’une femme torturée
et violée par des soldats français durant la guerre d’Algérie. Elle décide
alors de faire appel à l’avocate dans le cadre de son procès et celui de sa
fille. Gisèle Halimi accepte, tout en avouant que la tâche sera difficile. Ces
mises en examen se transforment en un véritable procès politique, avec pour but
de transformer la société et les mœurs de l’époque. Simone de Beauvoir
s’associe avec ces femmes pour attaquer la loi du 31 juillet 1920,
principalement en arguant que certaines femmes peuvent accéder à l’IVG en se
rendant à l’étranger. Alors que le procès se déroule à huis clos, le MLF
(Mouvement pour la Libération Féminine) et l’association « Choisir »
manifestent devant le tribunal en scandant notamment « L'Angleterre pour les
riches, la prison pour les pauvres ! ». La jeune fille est relaxée, le juge
considérant qu’elle avait été victime de « contraintes d'ordre moral, social,
familial, auxquelles elle n'avait pu résister ».
Le 8 novembre 1972, le procès des femmes
majeures s’ouvre. Gisèle Halimi profite de ce procès pour réaliser une tribune
politique sur l’avortement. Alors que les journaux ne peuvent pas publier des
débats d’avortement, des journalistes comme Françoise Giroud met au défi
quiconque osera lui intenter des poursuites. Le lendemain du procès, France
Soir publie à la une le professeur Milliez et titre « J'aurais accepté
d'avorter Marie-Claire… ». En janvier 1973, Georges Pompidou, président de la
République, admet que la législation actuelle autour de l’IVG est dépassée. Le
débat va finalement ressurgir deux ans plus tard avec un projet de loi porté
par la ministre de la Santé de l’époque, Simone Veil, appartenant au
gouvernement de droite de Jacques Chirac. Le 17 janvier 1975, après plusieurs
jours de débats particulièrement durs pour la ministre, l’IVG est
définitivement dépénalisée.
Léo Lefrançois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire