lundi 27 juillet 2020

« CRISE, MENSONGES ET VÉRITÉS », L’ÉDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR




Le tribunal de commerce de Grenoble va se prononcer aujourd’hui sur le sort du groupe André après son dépôt de bilan. Le début sans doute d’une longue liste de défaillances au cours des prochains mois. Mais, dans le cas en question, la crise actuelle a bon dos. André, comme La Halle, Camaïeu, est victime d’un autre mal pernicieux. Les fonds d’investissement. Il s’agit de véritables vautours financiers. Ils sont plus de trois cents sur le territoire national. Leur logique : acheter une entreprise en empruntant d’autant plus facilement que les taux d’intérêt, sont bas, presser le citron pour servir aux actionnaires un rendement de 15 à 20 % et revendre avec une belle plus-value. Le ministère de l’Économie est au fait de ces pratiques, comme le sont les institutions financières.

Il est vrai cependant que nombre d’entreprises vont être réellement frappées par la crise. On a compris quelle était la réponse du gouvernement et du patronat, avec les contrats de performance. Amener les salariés à accepter de travailler plus et de baisser leur salaire pour sauver les emplois. Cela, en mettant aux syndicats le marché en main. Dans l’entreprise Smart en Moselle, les salariés avaient accepté. Aujourd’hui, le groupe allemand Daimler arrête la production.
Dans un récent sondage publié par le Figaro, plus de la moitié des sondés expriment une forte méfiance à ce propos. Allez savoir pourquoi, ils craignent que les entreprises ne voient là une aubaine pour revenir sur les acquis sociaux. Plus clairement encore, ils rejettent toute augmentation du temps de travail.

On ne saurait pour autant nier la gravité de la situation. Bruno Le Maire fait grand cas du plan de relance de cent milliards annoncé. Mais avec quels critères, quelle transparence… quels dividendes ? Tout cela doit être mis sur la table. La reprise espérée d’une économie réorientée vers des productions utiles et durables est à ce prix. Elle ne peut se faire sans démocratie et sans que les salariés eux-mêmes se mêlent de la gestion des entreprises comme de leurs finalités.

Par Maurice Ulrich


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