mercredi 17 juin 2020

« VOLONTÉ », L’ÉDITORIAL DE SÉBASTIEN CRÉPEL DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



 Il y a plus d’une décennie, un premier ministre avait estimé être à la tête d’un « État en faillite ». Alors que le niveau de la « dette » est loin d’avoir diminué depuis, les 500 milliards d’euros d’argent public débloqués pendant l’épidémie du Covid-19 montrent que la « faillite » de l’État est une notion toute relative. Quand la nécessité vitale est en jeu, il n’y a plus lieu de mégoter. Bien sûr, l’utilisation de ces fonds correspond à une situation à tous égards exceptionnelle, dans laquelle les règles budgétaires ordinaires ne jouent plus. Il n’empêche, lorsque le pouvoir décide de voler au secours des entreprises mises à mal par la crise, le robinet à liquidités s’ouvre à nouveau, tout comme au moment de sauver les banques en 2008. Eh bien, l’hôpital et ses personnels valent autant, sinon plus. C’est, en substance, le message qu’ont affirmé, ce mardi, les soignants et les usagers dans la rue.

Emmanuel Macron a eu beau jeu de se féliciter, dimanche soir, de la capacité de l’hôpital à faire face au coronavirus. Ce défi n’a été relevé qu’au prix d’un dévouement aux frontières du sacrifice pour les personnels, tandis que le système D et la solidarité citoyenne ont permis de surmonter les pénuries de lits, de blouses, de masques, de médicaments, de tests, etc. L’épisode a surtout révélé l’incroyable affaissement de l’hôpital public que des années de disette budgétaire ont entraîné. Voilà le bilan que le Ségur de la santé serait bien inspiré de tirer de la crise.

Pour les solutions, on peut faire confiance aux soignants plus qu’aux managers : leur réussite sur le front sanitaire fait d’eux les experts incontestables de l’hôpital de demain. Quant aux moyens, le chef de l’État a encore prouvé, mardi, que rien n’est impossible : 200 millions d’euros seront injectés dans la production française de médicaments, a-t-il promis chez Sanofi. Si on songe au 1,5 milliard d’euros de crédit d’impôt recherche alloués parallèlement à la multinationale en dix ans, tandis qu’elle supprimait 2 500 postes dans la recherche-développement en France, on se dit que les marges existent pour renflouer l’hôpital. Encore un peu de volonté, M. le président.

Par Sébastien Crépel


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