Le temps n’est plus aux applaudissements mais à l’action. C’est aujourd’hui
que le pays a l’occasion de soigner ses soignants en s’emparant de leurs
revendications. L’immense élan de solidarité et de gratitude qui s’est exprimé
pendant le confinement ne doit pas se dégonfler. Loin de l’autocongratulation
présidentielle de dimanche soir, « les héros en blouse blanche » n’ont pas la
mémoire courte. Ils n’ont pas oublié comment ils ont dû affronter la plus grave
crise sanitaire que la France ait connue depuis un siècle, totalement désarmés,
sans protections, ni moyens. Ce retour à l’anormal serait d’autant plus
insupportable pour les soignants qu’ils avaient prévenu le gouvernement que les
coupes budgétaires mettraient en danger des vies. Il y a quinze mois, démarrait
le plus long mouvement social que l’hôpital ait connu. Les mêmes que la France
a applaudis chaque soir étaient gazés et durement réprimés lors des manifestations.
L’heure des comptes a donc sonné et doit aboutir à des mesures concrètes,
sonnantes et trébuchantes. D’autant que le Ségur de la santé, lancé par
l’exécutif le 25 mai et censé aboutir d’ici à la mi-juillet, n’a pour
l’instant avancé aucun chiffrage, ni aucun calendrier. De la revalorisation
générale des salaires, à l’arrêt de toutes les fermetures d’établissements,
de services et de lits, les solutions ne manquent pas pour reconstruire et
améliorer l’hôpital public.
Rescapé du coronavirus, un États-Unien de
70 ans, hospitalisé pendant deux mois, vient de recevoir une facture de
plus d’un million de dollars. Voilà où mène l’obsession de la rentabilité,
quand la santé devient un « marché » comme les autres. À l’opposé, notre pays a
su s’honorer de concevoir un hôpital public, lieu de recherche et
d’enseignement, de soin pour tous, riches ou pauvres, de France et d’ailleurs.
Ce « joyau » que le monde nous jalousait a été dilapidé par le néolibéralisme.
La crise du Covid-19 a commencé à en montrer les conséquences dramatiques.
Il n’est jamais trop tard pour changer de boussole. L’ampleur des
manifestations d’aujourd’hui peut y contribuer. La gratitude doit se
transformer en lutte commune.
Par Maud Vergnol
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire