jeudi 28 mai 2020

GUY BEDOS EST MORT



Le comédien et humoriste Guy Bedos est décédé à l'âge de 85 ans, a annoncé son fils Nicolas sur les réseaux sociaux. L’humoriste impertinent s’était confié le temps d’un documentaire. Une pépite de sincérité qui lui avait permis de revenir sur ses années de bonheur comme sur celles marquées par la douleur.

Fin 2013 et à quatre-vingts ans, il a dit au revoir, pour la Der des ders au music-hall. Pour Guy Bedos, c’est l’heure d’un bilan, à l’aube de sa retraite de scène, sur ses cinquante années de carrière. C’est aussi fin 2013 qu’il se rend à Alger, sa ville natale, pour donner une unique représentation et retrouver ses terres qu’il n’avait pas foulées depuis vingt-cinq ans. Mireille Dumas l’avait suivi pour son documentaire le Passé retrouvé, où il conduit son fils ­Nicolas, alors âgé de huit ans, sur la tombe de son père qu’il n’a quasiment jamais connu. Étonnamment, on apprend, ou, pour d’autres, on redécouvre, certains traits de la vie de Guy Bedos.

Un besoin irrésistible de plaire et d’être aimé
Mireille Dumas dresse le portrait de ce franc-tireur usant à l’envi, sur scène, de sa bouche en cul-de-poule pour séduire ces dames. Il a si envie d’être aimé, dira sa fille Victoria. De plaire aux femmes à défaut d’avoir plu à la première de sa vie : sa mère. Devant la journaliste, il évoque, les dents serrées, comment il s’est construit en opposition à cette femme profondément raciste. « J’ai été étonné de la manière dont il parle de cette violence dans laquelle il a grandi. Pour la première fois, je crois, il se définit comme un enfant battu », nous confie la journaliste. Pendant une heure cinquante, Mireille Dumas retrace le parcours de l’humoriste. 

De son duo sur scène, comme à la ville, avec Sophie Daumier, à ses sketchs sur sa relation avec ses enfants, en passant par sa rencontre avec son épouse Joe qu’il met en scène, sa carrière et sa vie personnelle apparaissent « étroitement mêlées, entre fiction et réalité », observe Mireille Dumas. Bien heureusement, la journaliste ne fait pas l’impasse sur la facette politique de Guy Bedos, sur ses années Giscard, où l’homme fut blacklisté, « à cause » de ses revues de presse irrévérencieuses. Jusqu’en 1981 où, d’humoriste politique, il devient humoriste gouvernemental, ironise-t-il. Guy Bedos est loin d’avoir perdu de son regard lucide.

Audrey Loussouarn


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