mardi 5 mai 2020

« Encore les masques ! », le billet d'humeur de Christophe Prudhomme




Chaque jour à l'hôpital à notre prise de service nous recevons notre dotation de masque qui est contingentée. Chaque soir quand je quitte l'hôpital, les agents de sécurité me demandent d'ouvrir mon coffre pour vérifier que je n'emmène pas un carton de masques car nous avons subi des vols répétés. La pénurie d'un objet qui est devenu en quelques semaines un bien essentiel ouvre la porte à toutes les dérives.

Face à cette situation, le gouvernement se retrouve de nouveau en accusation, y compris par l'ensemble des ordres professionnels qui n'ont pas l'habitude de se situer sur ce terrain. En effet, dans un communiqué très agressif, ils s'offusquent de la difficulté pour les professionnels de santé de se procurer ces fameux masques tandis que la grande distribution diffuse des publicités pour montrer qui sera le celui qui aura le plus de masques à vendre.

Bref, c'est un grand bordel ! Nous, professionnels, réclamons depuis le début de l'épidémie que l'Etat organise la production, les commandes et la distribution des masques afin que les fameux gestes barrières puissent être respectés. Car il est clair que quand un bien essentiel est rationné, il ne peut être en vente libre dans les magasins. D'ailleurs, nous avons pu constater que quelques heures après leur ouverture, les magasins étaient en rupture de stock et que des clients qui avaient parfois fait une longue queue devaient repartir les mains vides.

La santé publique nécessite un minimum d'organisation. Dans la situation actuelle, les masques doivent bénéficier d'un monopole de distribution par l'Etat avec une définition claire des allocations individuelles hebdomadaires, adaptées au mode de vie de chacun. Par ailleurs, un bien essentiel pour la sécurité de la population doit être gratuit d'une part pour éviter l'inflation des prix liée à la rareté du produit, d'autre part pour ne pas aggraver les inégalités sociales dans un contexte où la pauvreté s'aggrave dans la population.

Monsieur le Ministre de la santé, il ne sert à rien de demander aux personnels de santé de continuer à se mobiliser si votre incurie risque de nous amener de nouveaux malades qui auraient pu être évités.

Dr Christophe Prudhomme


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