Chaque
jour à l'hôpital à notre prise de service nous recevons notre dotation de
masque qui est contingentée. Chaque soir quand je quitte l'hôpital, les agents
de sécurité me demandent d'ouvrir mon coffre pour vérifier que je n'emmène pas
un carton de masques car nous avons subi des vols répétés. La pénurie d'un
objet qui est devenu en quelques semaines un bien essentiel ouvre la porte à
toutes les dérives.
Face à
cette situation, le gouvernement se retrouve de nouveau en accusation, y
compris par l'ensemble des ordres professionnels qui n'ont pas l'habitude de se
situer sur ce terrain. En effet, dans un communiqué très agressif, ils
s'offusquent de la difficulté pour les professionnels de santé de se procurer
ces fameux masques tandis que la grande distribution diffuse des publicités
pour montrer qui sera le celui qui aura le plus de masques à vendre.
Bref,
c'est un grand bordel ! Nous, professionnels, réclamons depuis le début de
l'épidémie que l'Etat organise la production, les commandes et la distribution
des masques afin que les fameux gestes barrières puissent être respectés. Car
il est clair que quand un bien essentiel est rationné, il ne peut être en vente
libre dans les magasins. D'ailleurs, nous avons pu constater que quelques
heures après leur ouverture, les magasins étaient en rupture de stock et que
des clients qui avaient parfois fait une longue queue devaient repartir les
mains vides.
La santé
publique nécessite un minimum d'organisation. Dans la situation actuelle, les
masques doivent bénéficier d'un monopole de distribution par l'Etat avec une
définition claire des allocations individuelles hebdomadaires, adaptées au mode
de vie de chacun. Par ailleurs, un bien essentiel pour la sécurité de la
population doit être gratuit d'une part pour éviter l'inflation des prix liée à
la rareté du produit, d'autre part pour ne pas aggraver les inégalités sociales
dans un contexte où la pauvreté s'aggrave dans la population.
Monsieur
le Ministre de la santé, il ne sert à rien de demander aux personnels de santé
de continuer à se mobiliser si votre incurie risque de nous amener de nouveaux
malades qui auraient pu être évités.
Dr Christophe
Prudhomme
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