dimanche 3 mai 2020

« Corona social ? », le billet d'humeur de Christophe Prudhomme



 Derrière ce qui apparaît pavé de de bonnes intentions peut se cacher le diable. Le dispositif des "brigades sanitaires" interroge, y compris au niveau de la connotation guerrière du terme. En effet si l'objectif, c'est-à-dire le fond, ne pose pas de problème, la forme se situe dans la droite ligne d'une approche autoritaire. Depuis le début de l'épidémie, nous avons mis en avant que le dépistage massif avec un isolement ciblé des sujets infectés et la recherche systématique des cas contacts constituait, une bien meilleure stratégie que le confinement généralisé, imposé de manière brutale.

Nous sommes bien en face de la poursuite d'une gestion de la crise décidée par le politique pour continuer à masquer son incapacité à fournir à la population des moyens de protection et de dépistage disponibles en quantités suffisantes. A cela s'ajoute le refus d'organiser une production et une distribution de masques, pour laisser le marché et la grande distribution à la manœuvre. Nous constatons là que les règles du marché reprennent leurs droits et que la rareté du produit provoque une inflation des prix.

Mais la question qui se pose est bien de savoir si une stratégie s'appuyant sur une distribution gratuite des masques et une accessibilité large à toute personne qui le souhaite au test de dépistage ne serait pas plus adapté. Comme l'a d'ailleurs souligné le gouvernement en faisant appel au civisme de la population, c'est bien l'adhésion volontaire aux mesures proposées qui est efficace et non pas l'imposition d'injonctions administratives avec menaces de sanction, donc contestables et contestées. Nous sommes confrontés à un traitement directif infantilisant, contre-productif en termes de santé publique.

L'accueil à l'hôtel sur critères sociaux pour protéger les plus faibles et les plus pauvres doit être une priorité. Par contre, l'intrusion de "brigades" au domicile sur la base de fichiers qui ne respectent pas le secret médical est une atteinte aux libertés individuelles inacceptable, y compris dans cette période épidémique; Refusons de basculer vers un contrôle social de la population sous couvert d'une urgence sanitaire car l'histoire nous a prouvé qu'il est ensuite difficile de freiner l'extension de l'atteinte à nos libertés.
Dr Christophe Prudhomme


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