À la liste des cyniques et des imbéciles dopés par la crise, on peut
ajouter Christophe Barbier, avec mention, sur BFM, appelant à une reprise
rapide pour l’économie : « Pour sauver quelques personnes âgées, on va
mettre des milliers de gens au chômage ? » Cynique et imbécile, au
service de cette perversion intellectuelle qui a fait de « l’économie » et plus
précisément du profit et de la rentabilité, quoi qu’il en coûte, l’alpha et
l’oméga des politiques libérales. C’est précisément parce que la santé de tous,
et plus encore celle des personnes âgées, lui a été soumise que nous
en sommes là.
On pensait des propos comme ceux-ci proscrits par les pages les plus
sombres de l’histoire, car il ne s’agit pas de « quelques personnes
très âgées », mais de près de 8 000 morts désormais dans les Ehpad,
dont environ 300 appartiennent au groupe Korian, avec 30 000 lits. Les
bénéfices de la société, cotée en Bourse, ont progressé de 10,4 % l’an
passé et sa présidente, dont le salaire avoisine le million d’euros, se
flattait de sa solidité. Aurait-on oublié les grèves qui se sont multipliées,
cette même année, pour les salaires, les conditions de travail et d’accueil,
les moyens d’aide et de soin ? Pour « l’économie », l’âge et la dépendance sont
un marché et, disons-le avec rage, « les vieux » sont une marchandise.
En juin et juillet 2018, devant la Mutualité française et devant le
Congrès, Emmanuel Macron évoquait la dépendance. Au rythme actuel, elle devrait
concerner 1,6 million de personnes en 2030, 2,5 millions en 2060. Il
invitait à regarder le problème en face : « Ne pas le voir ou
considérer que ce serait l’affaire de quelques-uns, c’est ne pas nous traiter
dignement nous-mêmes », ou encore, « il nous faut construire
pleinement le financement et l’organisation de ce risque social ». En
les laissant au privé ?
La loi grand âge, lancée au son du clairon
avec une vaste consultation en ligne à l’automne 2018, devait donner des
pistes, élaborer des solutions. Il y a eu des milliers de réponses, des
propositions. Depuis, rien. Le monde d’après, comme on dit maintenant, va-t-il
apporter des réponses ? Il faudrait, il faudra, changer de vision de
« l’économie ».
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