jeudi 30 avril 2020

« L’HEURE DE LA DÉMONSTRATION », L’ÉDITORIAL DE LAURENT MOULOUD DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Baromètre traditionnel de la contestation sociale, le 1er Mai ne pourra, cette année, s’offrir le plaisir de vastes cortèges. Confinement oblige, les rues seront désertes, l’essentiel des manifestations se déroulant aux balcons et sur les réseaux sociaux. Une mobilisation sous cloche, frustrante. Mais qui, paradoxa­lement, n’aura jamais semblé aussi pressante et partagée. La pandémie de coronavirus a révélé de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral, l’importance cruciale de financer des services publics puissants ou encore l’urgence de repenser nos modes de production. Autant de thèmes que les manifestations du 1er Mai ont l’habitude de porter, et les gouvernants actuels de passablement ignorer.

Face à l’évidence des morts, les voilà aujourd’hui contraints de faire mine de s’y atteler, de promettre des « plus jamais ça ». Ce 1er Mai va se charger de leur ­rappeler que les travailleurs, en première ligne, ne se paieront pas de formules creuses. Les « jours d’après » vont de pair avec une réelle volonté de changement politique et des choix budgétaires cohérents. Or, pour le moment, l’actuelle majorité continue de creuser sa veine libéro-patronale, prenant prétexte du contexte économique pour ouvrir de nouvelles brèches dans le droit du travail, par voie d’ordonnances… tout en restant muet sur l’avenir étranglé de l’hôpital public et de son personnel, dont l’exemplarité force le respect de tout le pays. Un sens des priorités sidérant !

Cet aveuglement interpelle. Ne nous leurrons pas : si la lutte sanitaire s’annonce longue, la lutte politique, elle, le sera encore plus. Elle commence ce vendredi aux fenêtres. Les applaudissements d’hommage doivent céder la place aux exigences sociales et à une fierté retrouvée de ces métiers dits « invisibles », mais dont la crise actuelle a fait la démonstration de leur utilité sociale indispensable. Même confinée, cette Journée internationale des travailleurs doit être une première étape pour que les jours d’après ne ressemblent définitivement pas à ceux d’avant.


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