Baromètre traditionnel de la contestation sociale, le 1er Mai ne
pourra, cette année, s’offrir le plaisir de vastes cortèges. Confinement
oblige, les rues seront désertes, l’essentiel des manifestations se déroulant
aux balcons et sur les réseaux sociaux. Une mobilisation sous cloche,
frustrante. Mais qui, paradoxalement, n’aura jamais semblé aussi pressante et
partagée. La pandémie de coronavirus a révélé de manière tragique les
dérèglements du capitalisme néolibéral, l’importance cruciale de financer des
services publics puissants ou encore l’urgence de repenser nos modes de
production. Autant de thèmes que les manifestations du 1er Mai ont
l’habitude de porter, et les gouvernants actuels de passablement ignorer.
Face à l’évidence des morts, les voilà aujourd’hui contraints de faire mine
de s’y atteler, de promettre des « plus jamais ça ». Ce
1er Mai va se charger de leur rappeler que les travailleurs, en première
ligne, ne se paieront pas de formules creuses. Les « jours d’après » vont
de pair avec une réelle volonté de changement politique et des choix
budgétaires cohérents. Or, pour le moment, l’actuelle majorité continue de
creuser sa veine libéro-patronale, prenant prétexte du contexte économique pour
ouvrir de nouvelles brèches dans le droit du travail, par voie d’ordonnances…
tout en restant muet sur l’avenir étranglé de l’hôpital public et de son
personnel, dont l’exemplarité force le respect de tout le pays. Un sens des
priorités sidérant !
Cet aveuglement
interpelle. Ne nous leurrons pas : si la lutte sanitaire s’annonce longue, la
lutte politique, elle, le sera encore plus. Elle commence ce vendredi aux
fenêtres. Les applaudissements d’hommage doivent céder la place aux exigences
sociales et à une fierté retrouvée de ces métiers dits « invisibles », mais
dont la crise actuelle a fait la démonstration de leur utilité sociale
indispensable. Même confinée, cette Journée internationale des travailleurs
doit être une première étape pour que les jours d’après ne ressemblent
définitivement pas à ceux d’avant.
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