D’ordinaire, les temps de crise majeure réclament une délibération
démocratique totale. Le plan de déconfinement annoncé par Édouard Philippe ce
mardi à l’Assemblée nationale, crucial pour l’avenir du pays, échappera à la
règle d’honneur de notre République. Un exemple supplémentaire parmi tant
d’autres – sauf que celui-ci fera date. Alors que de lourdes incertitudes
pèsent sur les mesures prévues pour l’après-11 mai, alors que nous
assistons depuis des semaines à des contradictions, des louvoiements, des
divergences et autres revirements et vraies-fausses annonces, le gouvernement
s’apprête donc à dévoiler les conditions de « l’après » de manière expéditive et,
pour tout dire, dans des conditions d’examen odieuses. À peine connu, le plan
sera survolé, si peu discuté, et aussitôt voté. Tous les groupes
parlementaires d’opposition réclamaient « plus de temps » afin
d’étudier la stratégie proposée. Refus catégorique. Chaque jour qui passe
assigne toujours plus le Parlement à un rôle de chambre d’enregistrement.
Nous ne savons si la date du 11 mai pour (mal) déconfiner le pays sera
respectée, mais au moins une évidence s’impose : la démocratie, elle, reste confinée.
Naviguant à vue entre impréparation et incompétence, sans parler de nombreuses
décisions déplorables liées à l’alliance de l’expertocratie et de l’oligarchie
politique, l’exécutif pousse ainsi les feux du déni démocratique. L’heure est
pourtant bien trop grave pour se contenter de la nécessaire « urgence », qui ne
saurait justifier la mise à l’encan des principes élémentaires.
Dans ces circonstances,
comment s’étonner de l’ampleur de la défiance des Français ? Et comment ne pas
comprendre que ces derniers considèrent, d’ores et déjà, la (possible) future
application StopCovid comme un projet désastreux, piloté par des apprentis
sorciers. La démocratie piétinée, d’un côté ; une confiance définitivement
plombée, de l’autre. Est-il sérieux de s’en remettre, pieds et poings liés, aux
gouvernants responsables de cette catastrophe ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire