Madame Borne est bien bonne, qui s’inquiète du sort
des Françaises et Français en appelant les syndicats à ne pas les « pénaliser » dans « leur mobilisation sur la question des retraites ». La question vient
évidemment aux lèvres. Mais qui pénalise qui, avec le report à 64 ans de
l’âge du départ ? La sollicitude de la première ministre est, sinon, bien spécieuse, elle qui feint de penser que la mobilisation
serait celle des seuls syndicats, quand elle n’ignore pas que de sondage en
sondage, 80 % des Français sont opposés à ce report. Sans préjuger de ce qu’il en sera
le 19 janvier, on peut imaginer qu’il y aura ce jour-là dans la rue des dizaines de milliers de personnes en train, si l’on peut dire,
de se pénaliser elles-mêmes…
On s’étonne qu’une première ministre, si elle prend
garde à ne pas utiliser les expressions qui fâchent et dont on ne doute pas
qu’elles seront utilisées par d’autres, comme les « prises d’otages » et autres, en soit encore à utiliser de tels
arguments, qui ne convainquent personne. Sans doute serait-elle mieux inspirée
de regarder la réalité du pays en face. À qui s’adresse-t-elle ? Aux 20 % des électeurs inscrits qui ont voté au premier tour pour Emmanuel Macron ?
Le président de la République multiplie les
faux-semblants dans son rapport au pays. Grand débat, petit gadget du Conseil
national de la refondation, etc. Mais quand le pays parle, il n’écoute que
lui-même, et son gouvernement ne peut légiférer qu’avec les coups de force
répétés du 49.3. Ou, comme il le fait pour les retraites, en marchandant avec
une droite qui espère voir enfin se réaliser ses souhaits les plus
réactionnaires.
Emmanuel Macron feint de croire qu’avec sa réélection,
les Français ont validé son programme. Alors oui, il a été élu et c’est
incontestable. Mais chacun le sait et il n’y peut rien, il l’a été avec, pour
une très grande part, les voix de la gauche. Les électrices et électeurs ne lui
ont pas donné la France pour qu’il l’accommode à sa façon. Il a été élu dans le
respect de la République et certainement pas pour être à l’origine d’une crise
sociale majeure au motif fallacieux qu’il n’y aurait pas d’alternative.
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