Le gouvernement n’hésite jamais à se contredire, si
cela lui permet de défendre les vertus supposées de sa réforme des retraites. À
l’instar de Bruno Le Maire, dont l’une des dernières sorties vaut son pesant de
recettes fiscales. Appelé à réagir, sur France Info, à la veille de la grande
journée de mobilisation syndicale, à la proposition de l’ONG Oxfam de taxer à 2 % les 42 milliardaires français pour financer les retraites sans reculer l’âge légal à 64 ans, le
ministre de l’Économie a eu cette réponse un brin méprisante : « Oxfam comme toujours confond tout, (…) on finance le système de retraites pas en taxant le capital, (mais) grâce à des cotisations prélevées sur ceux qui travaillent. »
On ne se souvient pas avoir entendu Bruno Le Maire
soulever pareille objection depuis 2017 qu’il est en poste à Bercy, où il a
beaucoup œuvré à remplacer les cotisations sociales par l'impôt. Nous
n’inventons rien : Emmanuel Macron lui-même s’en vantait devant le Parlement, le 9 juillet 2018. « La solidarité nationale est de plus en plus financée par l’impôt », relevait-il, après
avoir supprimé les cotisations salariales chômage et maladie, remplacées par la
CSG. Et le chef de l’État d’appeler les élus de la nation à « tirer toutes les conséquences » de cette transformation de « la philosophie même de notre solidarité nationale ». Car, alors que la cotisation ouvre des droits à ceux qui la versent, la
solidarité « financée par les contribuables implique des droits et des devoirs », poursuivait le
président de la République. Une porte ouverte à toutes les dérives, comme celle
qui consiste à restreindre ou conditionner toujours plus durement des
prestations de plus en plus assimilées à une aide sociale généreusement offerte
par l’État, et non au produit du travail de tout un chacun.
Voilà le ministre converti aux vertus de la cotisation
par la magie de la réforme des retraites. On ne peut que l’en féliciter : il est
alors urgent de revenir sans délai sur le
transfert cotisations–CSG, et sur
la montagne d’exonérations
sociales offertes aux entreprises sans contreparties et plus ou moins
compensées par l’État…
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