« Que la fête soit belle ! », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité.

 

CETTE DEMI-FINALE ENTRE LA FRANCE ET LE MAROC DOIT ÊTRE UNE BELLE OCCASION DE FRATERNITÉ ENTRE NOS DEUX PEUPLES.

Cette Coupe du monde de football, dont l’épilogue aura lieu dimanche, marquera un tournant, espérons-le, dans l’attribution des grandes compétitions internationales. Le Qatar 2022 est le condensé de ce que peut faire de pire le business dans le sport. L’argent roi peut tout enlaidir, tout détruire, presque tout acheter, sauf… la passion. Pourtant, les autorités qataries sont allées jusqu’à « inviter » des supporters pour remplir les stades.

Alors, n’attendons plus le dernier moment pour nous indigner et changer les règles du jeu. Refusons aujourd’hui que l’Arabie saoudite accueille les Jeux d’hiver asiatiques en 2029 ; mobilisons-nous, surtout, car cela nous concerne directement, pour que les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 soient exemplaires sur les questions sociales et écologiques. Aujourd’hui, de nombreux sans-papiers travaillent sur les chantiers et se mobilisent pour leurs droits. La Solideo, le président du comité d’organisation des JO Paris 2024, Tony Estanguet, les élus doivent maintenant se mobiliser pour les régulariser.

Et pourtant, malgré tout cela, le football, le jeu, est là. Si peu ont vibré dans les stades, la passion populaire a repris le dessus partout sur la planète. Qui peut rester insensible devant le visage en pleurs de Cristiano Ronaldo, un des magiciens du ballon rond, qui vivait son dernier match de Coupe du monde ? Qui n’a pas été ému après la qualification des Lions de l’Atlas, première équipe du monde arabe et du continent africain à se hisser en demi-finale ? Qui n’a pas hurlé de joie après le missile du Girondin Tchouaméni ou la tête de Giroud, samedi, face à nos cousins anglais ? Ce soir, le sport nous offrira un clin d’œil de l’histoire comme seul le football peut le faire.

L’équipe de France retrouvera ses frères de l’autre rive de la Méditerranée. Comme un symbole, cette demi-finale entre la France et le Maroc doit être un beau moment sportif mais surtout une belle occasion de fraternité entre nos deux peuples, liés par une douloureuse histoire coloniale. Ce match doit être un moment d’amitié entre nos deux peuples, de fête pour toutes et tous, n’en déplaise aux racistes d’extrême droite et d’une partie de la droite radicalisée qui stigmatisent régulièrement nos compatriotes binationaux. Ce soir, soit la France ira en finale pour tenter de glaner sa troisième étoile, soit le Maroc ira pour conquérir sa première. Que la fête soit belle !