« Besoin de politique », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.

Le week-end a été politique mais ­comment ? Ou, pour dire mieux, que peuvent en retenir toutes celles et tous ceux qui ont aujourd’hui, si l’on ose dire, le nez dans le guidon devant l’inflation, les menaces de coupures de courant, avec en toile de fond la guerre proche, les questions de climat, de  biodiversité, etc. À cela, la droite, avec l’élection d’Éric Ciotti, ne fait que répondre à côté, en mijotant ses choux gras avec les thèmes de l’immigration et de la sécurité. Le débat public mérite mieux qu’une course à l’échalote avec le Rassemblement national (RN) ou l’extrême droite d’un Éric Zemmour qui bouge encore et même s’agite de nouveau en dénonçant une société « hétérogène ethniquement ».

On ne peut le sous-estimer, cette droitisation, la forte présence du RN à l’Assemblée représentent un danger réel, dès maintenant et pour l’avenir. L’actualité des dernières heures avec cette incroyable affaire de corruption au plus haut niveau des instances européennes n’est pas faite, est-il besoin de le dire, pour redonner des couleurs à la démocratie et avoir confiance dans ses institutions.

En toute bonne foi, on peut s’interroger, face à cela, sur l’image de la gauche dans le pays. Sans doute ses prises de position à l’Assemblée, depuis la rentrée parlementaire, ont été dans l’ensemble pertinentes et déterminées. Mais cela ne saurait suffire à redonner aux salariés, aux plus modestes, qu’ils soient des villes ou des campagnes, une véritable vision des possibles. Chez les Verts, l’élection de Marine Tondelier, dans l’état actuel des choses, n’apparaît pas porteuse d’une ligne claire. L’élection d’une nouvelle direction de la France insoumise, dont c’est un euphémisme de dire qu’elle n’a pas été franchement démocratique, laisse mal augurer de ce que chacune et chacun peut attendre en matière de message et de changements véritables.

La gauche, avec ses différentes formations, la Nupes ont besoin de véritables débats, ouverts sur le pays. Le week-end a certes été politique, mais, si l’on peut dire ainsi, la politique, au meilleur sens du terme, attend davantage.