jeudi 17 novembre 2022

« Chemin », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité



Il serait incongru de parler d’«espoir», alors que l’Ukraine vient de subir une cascade de bombardements et qu’un tir de missile tombé en Pologne a failli embraser toute l’Europe. Mais reconnaissons, tout de même, que le sommet du G20, qui s’est achevé mardi à Bali, représente une petite lueur vers un possible règlement politique de la guerre engagée par Vladimir Poutine. Jamais, depuis l’invasion russe le 24 février, il n’avait été autant question de pourparlers et des conditions nécessaires pour qu’ils adviennent. Évidemment, le communiqué final des principales puissances de la planète reste minimaliste. Mais la volonté de préparer la paix, plutôt que d’entretenir la guerre, a dominé les débats. Un chemin diplomatique a commencé à être esquissé. Et il serait bon de l’arpenter avec tenacité, sans jamais le perdre de vue.

Personne n’en doute, la route vers des négociations sera longue. Mais elle le sera d’autant plus si la communauté internationale laisse les armes seules arbitrer ce conflit. Et les belligérants définir seuls les buts de guerre comme les conditions éventuelles de discussion. Car, à l’heure actuelle, aucun cessez-le-feu n’est possible. Galvanisé par le terrain regagné ces derniers mois et la reprise de Kherson, Volodymyr Zelensky est tenté de pousser son avantage avant l’hiver, envisageant désormais de reconquérir le Donbass et la Crimée. Un scénario que Vladimir Poutine, isolé et en position de faiblesse, fera tout pour éviter, y compris militairement parlant. L’issue probable de ce bras de fer? Un enlisement des combats, la multiplication des morts et des risques d’escalade guerrière généralisée.

Pour sortir de cet engrenage, la communauté internationale doit tout faire pour que Kiev et Moscou entrent dans le jeu diplomatique: en renforçant, par exemple, la pression que peuvent exercer les pays émergents et la Chine sur la Russie, mais aussi en proposant les cadres d’un accord, comme celui ­d’Istanbul élaboré en mars. Bref, ne pas se résoudre à cet inévitable «temps de la guerre», comme l’écrivent certains commentateurs fatalistes, déjà prêts à voir perdurer ce face-à-face sanglant.

 

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