Exposition : « On les nommait
pétroleuses, suffragettes, midinettes. Elles ont été résistantes,
syndicalistes, artistes. Le musée Carnavalet rappelle leur rôle, hier comme
aujourd’hui ».
La cause des femmes avance au rythme des révolutions.
Celles de 1789, de la Commune ou de Mai 68. On pourrait même dire qu’elle
les précède, annonciatrice de changements imminents dans la société. À chaque
carrefour de l’histoire, les femmes sont toujours au rendez-vous. Même si
parfois l’histoire n’y était pas.
En parcourant l’exposition « Parisiennes
citoyennes ! » réalisée par
Christine Bard, Catherine Tambrun et Juliette Tanré-Szewczyk, on mesure combien le combat pour les droits
des femmes et leur émancipation a été semé d’embûches. Certes, longtemps elles
ont été ignorées, invisibilisées, moquées, méprisées, caricaturées… Mais ce que
l’on retient de cette exposition riche de documents et d’objets rares et
précieux, c’est la joie, l’audace, l’irrévérence et la solidarité de ces
Parisiennes qui, face à l’adversité, face au patriarcat, ont su inventer des
formes d’action inédites.
Du « droit de cité » pour les femmes lors de la Révolution de 1789 à la loi sur la parité en 2000 ; de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges au Deuxième Sexe, de Beauvoir ; du droit à l’instruction
au droit de vote ; des grèves des midinettes en 1917 à l’occupation de l’usine Citroën où la militante Rose Zehner a été immortalisée par l’œil de Willy Ronis ; ou de leur engagement dans la Résistance à Mai 68, le parcours chronologique croise de nombreuses
thématiques et permet une approche des plus didactiques et vivantes.
Aux côtés de figures incontournables – Olympe de
Gouges, Louise Michel, Camille Claudel, Joséphine Baker, Gisèle Halimi, Niki de
Saint Phalle, Juliette Gréco –, on découvre l’itinéraire de Parisiennes
moins connues ou anonymes dont l’engagement et le courage impressionnent. Que
ce soit lors des révolutions, de la Première Guerre mondiale, pendant la
Résistance ; que ce soit dans les luttes pour le droit de vote ou syndicales, elles
ont été tour à tour et à la fois citoyennes, communardes, suffragettes, pacifistes, résistantes,
syndicalistes, femmes politiques, militantes féministes, artistes et
intellectuelles engagées, solidaires des femmes immigrées et de celles du monde
entier. Organisées en associations, elles prennent la plume, éditent des
journaux féministes, inventent des slogans, détournent des mots d’ordre. En 1925,
le Conseil national des femmes françaises fédère 165 associations. Bien
sûr, il y a des dissensions ; certaines associations penchent du côté d’une droite catholique, d’autres vers une gauche plus révolutionnaire. Mais elles ont un objectif
commun : la citoyenneté.
Plus près de nous, Mai 68 va provoquer un
électrochoc. Le Mouvement de libération des femmes (MLF), né en 1970,
revendique le droit des femmes à disposer de leur corps et l’abolition du
patriarcat. Sur les murs et « sous les pavés » de Paris
fleurissent des slogans drôles et
provocateurs : « Femmes
boniches, femmes potiches, femme affiches, on en a plein les miches ! » Laissons le
mot de la fin à Miss Tic qui, toute sa vie, a mis de la poésie dans
les rues de Paris : « Mieux que rien, c’est pas assez. »
Jusqu’au 29 janvier au musée
Carnavalet, à Paris. De nombreuses soirées-débats sont organisées du
7 octobre au 21 janvier. Rens. : carnavalet.paris.fr
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