jeudi 20 octobre 2022

Les amies rouges, une nouvelle galerie photo à Paris



Ce lieu d’exposition et de vente, ouvert par deux amies du journal, privilégie la photographie noir et blanc argentique. Magali JAUFFRET

Agnès Schwab et Emmanuelle Simon sont amies et leurs fortes personnalités se complètent. Elles ont ouvert, voilà six mois, la galerie-librairie « les amies rouges » dans un bâtiment du XVe siècle, lui-même situé dans une rue du quartier historique de la place Maubert, dans le 5° arrondissement de Paris. Agnès est iconographe au journal l’Humanité, elle a travaillé dans le cinéma. Emmanuelle a créé et animé un centre d’art municipal à Bonneuil-sur-Marne, elle a été scénariste.

Leur première exposition, qui fera date, est consacrée, au printemps, au photographe Pierre Jamet (1910-2000), proche de Robert Doisneau et de Willy Ronis. Cet autodidacte, danseur, chanteur dans la chorale de la fameuse Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires, se retrouve directeur d’auberges de jeunesse à Belle Ile au moment du Front Populaire, poste d’observation rêvé pour capter l’esprit des congés payés et de la jeunesse, en cette époque si légère de l’après-guerre. Sa pratique libre, non professionnelle, confère à ses images une fraîcheur singulière et transmet le goût du bonheur.

Cette première exposition renseigne sur la ligne éditoriale de cette galerie qui ne cache pas son goût pour l’image humaniste argentique noir et blanc. Les visiteurs découvrent, par la même occasion, que ce lieu unique leur offre, en prime, la possibilité d’acquérir, à bas prix, des livres d’art ou des romans et de participer à des « conversations ».

Avant l’été, l’historien Tanguy Perron, spécialiste des liens entre mouvement ouvrier et cinéma, vient ainsi, devant une belle assistance, parler de son livre sur Rose Zehner, figure du féminisme militant ouvrier, immortalisée par la photographie de Willy Ronis prise en 1938 aux usines Citroën, alors qu’elle haranguait la foule des grévistes.

Puis l’historienne Danielle Tartakowsky, spécialiste des mouvements sociaux et politiques du XXe siècle, vient, elle, commenter l’ouvrage de 1935 de Paul Vaillant-Couturier, alors rédacteur-en-chef de « l’Humanité », « le malheur d’être jeune », grande enquête destinée à recueillir la parole des jeunes, victimes de la grande crise économique dans l’entre deux-guerres, et qui résonne fortement avec la détresse dans laquelle se retrouve aujourd’hui la jeunesse.

 

A l’été, alors que la touchante exposition « Des mains et des humains » d’Agnès Schwab, prévue pour durer jusqu’au 5 novembre, avait commencé, un électricien, un éboueur, un tireur argentique sont venus, en écho à la sensibilité d’Agnès, évoquer leur travail. A la rentrée, Marine Roussillon, spécialiste du XVIIe siècle, est venue, elle, éclairer ce qu’était le divertissement à la cour.

Le 22 octobre, Henriette Steinberg, Secrétaire Générale du Secours Populaire viendra présenter son livre « Ne jamais baisser les yeux » en cette galerie qui se veut un lieu de concorde, de liens et où seront prochainement exposées les œuvres de deux femmes, globes-trotteuses, puis photo journaliste. Plein de découvertes ! Qu’on se le dise…

 

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