Ce lieu d’exposition et de vente, ouvert par deux amies du journal, privilégie la photographie noir et blanc argentique. Magali JAUFFRET
Agnès Schwab et Emmanuelle Simon sont amies et leurs fortes personnalités se complètent. Elles ont ouvert, voilà six mois, la galerie-librairie « les amies rouges » dans un bâtiment du XVe siècle, lui-même situé dans une rue du quartier historique de la place Maubert, dans le 5° arrondissement de Paris. Agnès est iconographe au journal l’Humanité, elle a travaillé dans le cinéma. Emmanuelle a créé et animé un centre d’art municipal à Bonneuil-sur-Marne, elle a été scénariste.
Leur première exposition, qui fera date, est
consacrée, au printemps, au photographe Pierre Jamet (1910-2000), proche de
Robert Doisneau et de Willy Ronis. Cet autodidacte, danseur, chanteur dans la
chorale de la fameuse Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires,
se retrouve directeur d’auberges de jeunesse à Belle Ile au moment du Front
Populaire, poste d’observation rêvé pour capter l’esprit des congés payés et de
la jeunesse, en cette époque si légère de l’après-guerre. Sa pratique libre,
non professionnelle, confère à ses images une fraîcheur singulière et transmet
le goût du bonheur.
Cette première exposition renseigne sur la ligne
éditoriale de cette galerie qui ne cache pas son goût pour l’image humaniste
argentique noir et blanc. Les visiteurs découvrent, par la même occasion, que
ce lieu unique leur offre, en prime, la possibilité d’acquérir, à bas prix, des
livres d’art ou des romans et de participer à des « conversations ».
Avant l’été, l’historien Tanguy Perron, spécialiste
des liens entre mouvement ouvrier et cinéma, vient ainsi, devant une belle
assistance, parler de son livre sur Rose Zehner, figure du féminisme militant
ouvrier, immortalisée par la photographie de Willy Ronis prise en 1938 aux
usines Citroën, alors qu’elle haranguait la foule des grévistes.
Puis l’historienne Danielle Tartakowsky, spécialiste
des mouvements sociaux et politiques du XXe siècle, vient, elle, commenter
l’ouvrage de 1935 de Paul Vaillant-Couturier, alors rédacteur-en-chef de
« l’Humanité », « le malheur d’être jeune », grande enquête
destinée à recueillir la parole des jeunes, victimes de la grande crise
économique dans l’entre deux-guerres, et qui résonne fortement avec la détresse
dans laquelle se retrouve aujourd’hui la jeunesse.
A l’été, alors que la touchante exposition « Des mains
et des humains » d’Agnès Schwab, prévue pour durer jusqu’au 5 novembre, avait
commencé, un électricien, un éboueur, un tireur argentique sont venus, en écho
à la sensibilité d’Agnès, évoquer leur travail. A la rentrée, Marine
Roussillon, spécialiste du XVIIe siècle, est venue, elle, éclairer ce qu’était
le divertissement à la cour.
Le 22 octobre, Henriette Steinberg, Secrétaire
Générale du Secours Populaire viendra présenter son livre « Ne jamais baisser
les yeux » en cette galerie qui se veut un lieu de concorde, de liens et où
seront prochainement exposées les œuvres de deux femmes, globes-trotteuses,
puis photo journaliste. Plein de découvertes ! Qu’on se le dise…
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