Vingt-deux heures sur un brancard dans les
couloirs des urgences de Strasbourg. Et la mort au bout de l’attente. Voilà où
nous en sommes, dans la France de 2022… La faute n’incombe pas aux personnels.
Les équipes des services d’urgence dans les hôpitaux, les Samu, les Smur sont
littéralement sur les rotules. La « régulation
systématique préalable », en demandant aux personnes d’appeler le 15 plutôt que d’aller aux urgences directement, a simplement déplacé les problèmes… Mais selon
une enquête effectuée par le SUdF, 95 % des services d’urgence disent rencontrer des « problématiques importantes de disponibilité de lits », 90 % des
difficultés sur les ressources humaines médicales et 89 % des manques de ressources humaines non médicales.
Conséquences, 42 établissements ont été « contraints de réaliser une fermeture totale de nuit » des urgences pour un nombre cumulé de 546 nuits en juillet. Le
même mois, 23 établissements ont fermé totalement leurs urgences de jour
pour un nombre cumulé de 208 jours. Si les Samu se retrouvent dans cet
état, c’est qu’on leur demande de traiter plus de patients à personnel constant
et de réorienter toujours plus de demandes de soins ailleurs que vers les
urgences.
Comme si les problèmes étaient de la faute d’un afflux
de patients qui « viendraient pour rien aux urgences ». Le drame de Strasbourg est la démonstration du contraire. La vérité est
qu’il manque des lits pour hospitaliser les patients, même les plus graves.
Comme dans un mauvais scénario de film catastrophe, le gouvernement dénonce les
Cassandre et se félicite que l’effondrement du système de santé n’ait pas eu
lieu cet été… mais il ne fait rien pour que celui-ci ne se produise pas cet
automne ou cet hiver. Au contraire, l’abandon délibéré de la logique médicale de
prise en charge des patients en toute sécurité répond à un impératif pour ce
gouvernement. Celui de basculer un peu plus vers un système de santé avec un
service public minimal pour les plus pauvres et un secteur marchand financé par
des assurances privées pour ceux qui auront les moyens de payer.
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