Étonnant de voir Emmanuel Macron se dépeindre en homme de « compromis ». Et de constater que sa pratique du pouvoir – solitaire et verticale – révèle exactement l’inverse. L’annonce, distillée dans la presse, d’une réforme des retraites menée tambour battant dès cet automne témoigne à nouveau de ce tropisme autoritaire. Comme l’a confirmé, mercredi, le gouvernement, ce texte, qui concerne des millions de Français ainsi que nos générations futures, serait glissé à la hussarde dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Et, si besoin, adopté en force à coups de 49-3. Pas d’étude d’impact. Pas de discussion préalable. Le débat public et contradictoire devant les représentants du peuple ? Pas la peine. L’opposition unanime des syndicats ? Rien à faire. Si Emmanuel Macron laisse une trace dans l’histoire, ce sera celle du mépris pour le processus démocratique et les salariés en général.
Une fois de plus, la méthode employée trahit ses
arrière-pensées. La raison de cette précipitation n’a rien à voir avec le
régime de retraite lui-même. Aucune urgence financière ne justifie ce passage
en force. Le Conseil d’orientation des retraites l’écrit noir sur blanc : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une
dynamique non contrôlée des dépenses. » La part du PIB à consacrer aux retraites va augmenter
sur quinze ans, avant de redescendre. Mais pas dans les proportions que sous-entend
la majorité : 1 % de
cotisations supplémentaires
suffirait à absorber cette légère bosse.
En organisant cette guerre éclair, Emmanuel Macron
tente de résoudre une tout autre équation budgétaire : respecter
le programme de stabilité 2022-2027 réclamé par Bruxelles (revenir aux 3 % de déficit
public), tout en finançant au
minimum certaines priorités (hôpital, école, écologie, etc.), sans
augmenter les impôts des plus riches ni stopper les milliards d’euros d’aide
aux entreprises sans contreparties. Bref, poursuivre sa politique libérale à
même de rassurer les marchés financiers qui financent la dette. À ce jeu-là, la
réforme des retraites n’est qu’une monnaie d’échange. Et la méthode Macron, une
nouvelle démonstration navrante de double discours.
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