On peut se souvenir des paroles de Gérald Darmanin
lors de son débat de février 2021 avec la présidente du Rassemblement national : « Madame Le Pen en vient à être quasiment un peu dans la mollesse, il faut reprendre des vitamines. » C’était à propos de l’islamisme dans un amalgame implicite mais
évident avec l’immigration. La nouvelle loi annoncée par le ministre de
l’Intérieur, et qui devrait être présentée dès l’automne au Sénat, ambitionne
d’aller toujours plus loin dans la surenchère et dans l’instrumentalisation de
l’immigration. C’est au point que le ministre se laisse en quelque sorte
déborder par lui-même, comme en annonçant la semaine passée l’expulsion d’une
personne qu’il voulait voir, à tort, liée à une agression de policiers…
On mesure à cette aune le climat qu’il entend
entretenir. Tout étranger, même vivant depuis des années, voire des décennies,
sur le sol national est suspect et peut être soumis ipso facto à une procédure
d’expulsion. Il n’est pas besoin d’être docteur en droit pour s’interroger. La
justice, quand c’est le cas, est appelée à juger des actes délictueux, pas une
nationalité. Là, il s’agit de lever « toutes les réserves législatives » à l’expulsion, qu’il s’agisse du mariage ou de
l’âge d’arrivée sur le territoire.
Mais Gérald Darmanin joue les matamores. « Notre main
ne tremble pas. » À croire qu’il s’agit d’un combat décisif pour la France. C’est facile
quand il s’agit de se servir des immigrés, d’une
religion, instrumentalisés pour de
sordides manœuvres politiciennes. À la tentation toujours trop présente de la xénophobie dans une partie de la
population et dont il joue, le ministre de l’Intérieur ajoute le cynisme. Il
s’agit à la fois de marquer à la culotte le Rassemblement national et de se
ménager ses faveurs dans la nouvelle configuration politique de l’Assemblée.
C’est éthiquement indigne et c’est politiquement dangereux, voire pervers.
L’inflation court, le pouvoir d’achat est en baisse, la crise environnementale
est déjà présente, les pompiers sont exténués, les hôpitaux sont en crise,
Gérald Darmanin nous invite à chercher le délinquant chez le voisin.
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