Le dernier soldat français a quitté le sol malien.
L’opération « Barkhane » est terminée. Un échec colossal, tant d’un point de vue militaire que politique. L’intervention de l’armée française, d’abord sous l’appellation « Serval » puis transformée en « Barkhane », décidée sous François Hollande et prolongée par Emmanuel Macron, n’a atteint
aucun des objectifs annoncés, si ce n’est la « libération » précaire de Gao et Tombouctou. Les groupes djihadistes n’ont pas été arrêtés. Pis, ils ont essaimé et se sont propagés telles des cellules cancéreuses non seulement au Mali
mais également dans les pays voisins, notamment le Niger et le Burkina Faso.
Les incursions se sont faites de plus en plus nombreuses dans le golfe de
Guinée.
Les raisons de cet échec sont multiples. À commencer
par l’idée que la solution était militaire et seulement militaire. Or, aucune
des causes de la déstabilisation du Mali n’a été traitée. L’obscurantisme, tout
comme le banditisme ou les conflits internes entre les différentes populations,
puise ses sources dans la mal-vie des jeunes Maliens, le chômage et le manque
de développement. Derrière la façade de la lutte contre le terrorisme,
l’approche apparaît pour ce qu’elle est : une défense des intérêts français, d’où une nécessaire domination politique, économique et
militaire. En témoignent les accords d’Alger signés en 2015. Conçus à
l’extérieur mais imposés au Mali et qui n’ont rien réglé. Pour la France, très
liée au mouvement touareg, la régionalisation apparaissait comme la solution
ultime, même au prix d’une implosion du pays.
Rien d’étonnant, dans ces conditions, qu’un sentiment
antifrançais, certes attisé par la Russie et par l’incurie de la classe
politique malienne, se soit développé et qu’un premier putsch ait renversé le
gouvernement en place en mai 2020, avant qu’un deuxième coup d’État ne se
produise dix mois après. Malheureusement, il ne semble pas qu’Emmanuel Macron
ait tiré les enseignements de ce désastre. Parties du Mali, les troupes
françaises se sont redéployées entre le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. En
l’absence d’un véritable changement de cap, Paris n’a gagné là qu’un simple
sursis.
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