mardi 9 août 2022

Israël : tournant « préventif », l’éditorial de Pierre Barbancey dans l’Hmanité.



Le décompte macabre n’a rien de nouveau. Quarante-quatre Palestiniens tués à Gaza en trois jours, dont quinze enfants et quatre femmes. Des blessés qui se comptent par centaines, de même que le nombre de familles dont le logement a été détruit. Ce qui est notable, en revanche, est que, pour la première fois, Israël n’a pas accusé ses ennemis d’avoir attaqué les premiers mais, au contraire, s’est enorgueilli de mener des «frappes préventives».

Pourquoi un tel changement d’attitude alors que, quelles que soient les circonstances, de Bruxelles à Washington en passant par Paris, toutes les chancelleries assurent qu’ «Israël a le droit de se défendre»? À trois mois des élections législatives, le premier ministre israélien, Yaïr Lapid, avait besoin de montrer qu’il était à la hauteur de sa tâche sécuritaire, paramètre central pour être élu. Fort de la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes, Lapid comptait sur les dirigeants du Hamas à Gaza pour rester en dehors du combat, permettant ainsi à Israël d’affaiblir le Djihad islamique – considéré comme dépendant de l’Iran – tout en évitant une escalade totale. Une politique engagée depuis un an, avec un nombre plus important de permis de travail délivrés aux Gazaouis et un allégement du blocus pour certains produits, renforçant ainsi le pouvoir du Hamas sur ce territoire et amenuisant celui de l’Autorité palestinienne. Le Hamas ne pouvant rester l’arme au pied indéfiniment, et pour empêcher que la révolte éclate en Cisjordanie et dans les villes palestiniennes d’Israël, l’opération devait se dérouler rapidement. D’où un cessez-le-feu sous l’égide de l’Égypte et de l’ONU, accepté de part et d’autre au bout de trois jours.

La nouvelle stratégie israélienne consiste à ne rien donner aux Palestiniens en termes de droits politiques (pas d’État), mais à essayer de réduire les affrontements militaires en améliorant le niveau de vie en Cisjordanie et à Gaza et en aidant l’économie palestinienne à croître. Une autre façon de perpétuer l’occupation.

POUR EMPÊCHER QUE LA RÉVOLTE ÉCLATE, L’OPÉRATION DEVAIT SE DÉROULER RAPIDEMENT.

 

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