Un spectre semble hanter l’Europe et plus largement
l’économie mondiale, celui de la récession. Tout serait censé y concourir. Les
suites de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine avec le renchérissement du
coût de l’énergie, le réchauffement climatique, voire les incendies de forêt.
Au sens strict, il y a récession quand le PIB se replie pendant deux trimestres
consécutifs. Plus largement, c’est un ralentissement significatif de l’activité
économique et de la croissance avec ses conséquences sur l’emploi et le pouvoir
d’achat.
Et si c’était l’inverse ? Il y a quelques jours, l’économiste en chef d’un grand groupe financier
commentait ainsi l’augmentation des taux décidée par la banque fédérale
américaine, destinée à faire face à la boucle prix-salaires. « C’est une bonne nouvelle, car
elle privilégie la décélération de l’inflation aux dépens de la croissance et de l’emploi à court terme. » En d’autres termes, la récession n’est pas subie mais
choisie. C’est une cure. Dans un récent entretien au Journal du
Dimanche, le PDG de la grande banque mondiale Morgan Stanley saluait
l’opportunité fascinante des périodes de crise comme celle de 2009. « Nous nous sommes séparés de certaines activités, nous avons investi dans d’autres plus stables (…) et nous avons doublé le dividende pour récompenser nos actionnaires. » Et le même, James Gorman, d’ajouter : « Le mot récession fait peur mais ce n’est pas si grave. » On comprend. Comme on comprend comment les grands
groupes du CAC 40 – surtout les géants de l’énergie – ont connu des
résultats record dans la dernière période.
Dans les débats d’aujourd’hui sur le pouvoir d’achat,
le choix d’Emmanuel Macron est clair. Tout sauf l’augmentation des salaires. C’est
pourtant le levier pour soutenir l’économie réelle par la demande.
C’est-à-dire celle qui produit pour répondre aux besoins et pas pour les
dividendes, celle qui devrait pouvoir s’appuyer sur une politique sélective, et
discutée démocratiquement, du crédit en faveur de productions socialement
utiles et responsables pour la planète.
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