Grands oubliés des politiques publiques, les outre-mer
subissent des crises multiples qui doivent s’appréhender au regard du passé
colonial et esclavagiste, et d’une relation toujours inégale, souvent brutale
avec la Métropole. La dimension sociale prédomine de nos jours avec près de
1 million de nos compatriotes ultramarins qui vivent en dessous du seuil
de pauvreté. Les services publics y sont défaillants, les transports publics,
quasi inexistants, et le coût de la vie, exorbitant. Le LKP et son leader, Élie
Domota, avaient parlé, en 2009, de « pwofitasyon », désignant une
domination économique systémique et outrancière.
C’est toujours vrai aujourd’hui, où quelques grands
groupes sont en situation d’oligopoles et imposent des prix prohibitifs,
privant de nombreux foyers des biens de première nécessité. 30 % des Guadeloupéennes et Guadeloupéens n’ont pas accès à l’eau potable ; 10 000 enfants guyanais sont privés à ce jour de
classe à la rentrée ; plus de 30 % des Réunionnaises et Réunionnais sont privés d’emploi. Les problèmes sont hors normes et nécessitent un
effort d’ampleur dans tous les domaines pour rattraper les
retards. De plus, la crise du Covid y a accéléré, comme partout, les
inégalités. Dans les Antilles et en Guyane, l’instauration du passe vaccinal a
été mal vécue par une population antillaise meurtrie dans sa chair par
l’intoxication au chlordécone, dont la nocivité était connue depuis 1976…
mais utilisée dans les bananeraies jusqu’en 1993. Plutôt que le dialogue,
le gouvernement français avait choisi l’autoritarisme et l’envoi de CRS.
Le rattachement du ministère des Outre-mer à la Place Beauvau ajoute au mépris
et à l’humiliation.
Pour que la promesse d’égalité républicaine devienne
une réalité, comme dans les quartiers populaires et dans les campagnes, les
outre-mer doivent entrer dans les politiques publiques de droit commun. Ces
territoires d’une richesse incroyable ne demandent qu’à s’épanouir et à se
développer avec, comme atouts, une jeunesse dynamique et une biodiversité
précieuse. Donnons-leur-en les moyens !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire