mardi 26 juillet 2022

L’Amazonie, zone à défendre



Photo Le Franco-Brésilien Sebastiao Salgado présente plus de 200 clichés à Avignon.

La forêt amazonienne intrigue, inspire, fascine. Dès la colonisation portugaise, elle est surnommée «lenfer vert» dans lequel lexplorateur sexpose à de nombreux dangers. Plus tard, ce sont les chercheurs dor qui sy perdent. Elle nourrit limagination, et les peuples qui lhabitent influencent la littérature brésilienne. Les photos de Sebastiao Salgado exposées à Avignon dans la grande chapelle du palais des Papes transmettent cette magie qui fait la particularité de la forêt amazonienne.

Résultat de sept années de travail, les larges photos en noir et blanc sont accompagnées des sons de l’Amazonie, une musique composée pour l’exposition par Jean-Michel Jarre. Au bruit des oiseaux, des pluies et des orages, le public déambule dans cette exposition immersive. Le long des parois de la chapelle, la forêt est présentée sous tous ses aspects: les vues aériennes rendent compte de son étendue et soulignent les courbes des rivières et des chaînes de montagnes. Sebastiao Salgado documente les fortes pluies et le phénomène de «rivière volante», qui rejette 20 milliards de tonnes d’eau par jour dans l’atmosphère.

Sous la cime des arbres, le photographe fait découvrir une douzaine de peuples indigènes. Les photos sont disposées au centre de la pièce, dans une forme circulaire qui rappelle celle des ocas, habitations communautaires amazoniennes. Salgado met en avant les particularités de chaque peuple, évoque leur histoire et expose leurs traditions. Le public assiste aux séances de pêche et de chasse, aux préparatifs des fêtes. Les portraits des membres de chaque communauté mettent en valeur les enfants, les familles et les chefs. Le photographe tisse un lien fort et personnel, nomme et raconte l’histoire de chaque individu photographié.

destruction d’un équilibre

Le noir et blanc permet de dépasser le seul aspect végétal de la forêt amazonienne, intensifie les expressions et les regards. Dans un écosystème longtemps rêvé, imaginé, sublimé, Sebastiao Salgado propose une image juste et diverse de l’Amazonie. L’exposition ne transmet pas seulement la magie du lieu mais alerte sur les menaces qui pèsent sur la forêt et ses habitants. 17,5 % de la biomasse amazonienne ont déjà été détruits et la déforestation pourrait bientôt atteindre un point de non-retour. L’orpaillage et l’agriculture sont les principales causes du déboisement, et ce principalement sur les terres détenues par l’État. À l’inverse, la forêt est le lieu de vie des peuples indigènes, qui y trouvent nourriture et médicaments. Pour eux, la forêt a déjà son équilibre, chacun y a son maître.

Les terres brûlées par l’agriculture provoquent des incendies qui s’étendent sur les terres des indigènes. Par le passé, ces peuples ont été systématiquement menacés, envahis et même massacrés, à l’image du peuple awa guaja, qui est aujourd’hui «le plus menacé au monde», selon l’ONG Survival International. Pour plusieurs chefs et membres des communautés, Jair Bolsonaro est une menace : le président brésilien ne reconnaît pas leur droit à la terre et souhaite leur faire adopter le mode de vie de l’homme blanc.

 

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