Photo Le Franco-Brésilien Sebastiao Salgado présente plus de 200 clichés à Avignon.
La forêt amazonienne intrigue, inspire, fascine. Dès la colonisation portugaise, elle est surnommée « l’enfer vert » dans lequel l’explorateur s’expose à de nombreux dangers. Plus tard, ce sont les chercheurs d’or qui s’y perdent. Elle nourrit l’imagination, et les peuples qui l’habitent influencent la littérature brésilienne. Les photos de Sebastiao Salgado exposées à Avignon dans la grande chapelle du palais des Papes transmettent cette magie qui fait la particularité de la forêt amazonienne.
Résultat de sept années de travail, les larges photos
en noir et blanc sont accompagnées des sons de l’Amazonie, une musique composée
pour l’exposition par Jean-Michel Jarre. Au bruit des oiseaux, des pluies et
des orages, le public déambule dans cette exposition immersive. Le long des
parois de la chapelle, la forêt est présentée sous tous ses aspects : les vues aériennes rendent compte de son étendue et soulignent les courbes des rivières et des chaînes de montagnes. Sebastiao Salgado documente les fortes pluies et le phénomène de « rivière volante », qui rejette 20 milliards de tonnes d’eau par jour dans l’atmosphère.
Sous la cime des arbres, le photographe fait découvrir
une douzaine de peuples indigènes. Les photos sont disposées au centre de la
pièce, dans une forme circulaire qui rappelle celle des ocas, habitations
communautaires amazoniennes. Salgado met en avant les particularités de chaque
peuple, évoque leur histoire et expose leurs traditions. Le public assiste aux
séances de pêche et de chasse, aux préparatifs des fêtes. Les portraits des
membres de chaque communauté mettent en valeur les enfants, les familles et les
chefs. Le photographe tisse un lien fort et personnel, nomme et raconte
l’histoire de chaque individu photographié.
destruction d’un équilibre
Le noir et blanc permet de dépasser le seul aspect
végétal de la forêt amazonienne, intensifie les expressions et les regards.
Dans un écosystème longtemps rêvé, imaginé, sublimé, Sebastiao Salgado propose
une image juste et diverse de l’Amazonie. L’exposition ne transmet pas
seulement la magie du lieu mais alerte sur les menaces qui pèsent sur la forêt
et ses habitants. 17,5 % de la biomasse amazonienne ont déjà été détruits
et la déforestation pourrait bientôt atteindre un point de non-retour. L’orpaillage
et l’agriculture sont les principales causes du déboisement, et ce
principalement sur les terres détenues par l’État. À l’inverse, la forêt
est le lieu de vie des peuples indigènes, qui y trouvent nourriture et
médicaments. Pour eux, la forêt a déjà son équilibre, chacun y a son maître.
Les terres brûlées par l’agriculture provoquent des
incendies qui s’étendent sur les terres des indigènes. Par le passé, ces
peuples ont été systématiquement menacés, envahis et même massacrés, à l’image
du peuple awa guaja, qui est aujourd’hui « le plus menacé au monde », selon l’ONG Survival International. Pour plusieurs
chefs et membres des communautés, Jair Bolsonaro est une menace : le
président brésilien ne reconnaît pas leur droit à la terre et souhaite leur
faire adopter le mode de vie de l’homme blanc.
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