Le troisième tour a bien eu lieu. Emmanuel Macron
enregistre le plus mauvais résultat d’un président aux législatives sous la
Ve République. Pire, contrairement aux chiffres avancés par Gérald
Darmanin, la Nupes arrive bien en tête du scrutin, comme nous le démontrons
dans nos colonnes. Une humiliation pour celui qui pensait parvenir à avoir les
coudées franches au Parlement sans trop d’efforts. Sa majorité menacée, après
avoir tout fait pour dépolitiser ce scrutin, le président mise tout sur la
diabolisation de la Nupes, sommant ses lieutenants de « dramatiser » une
possible victoire de la gauche.
Cette stratégie grossière, sur la défensive, pourrait
aussi se retourner contre lui. Déjà, les refus de candidats d’Ensemble ! d’appeler dimanche soir au « barrage
républicain » en cas de duels Nupes/RN, et le lot d’inepties qui les a accompagnés, ont créé une nouvelle cacophonie. Les électeurs de gauche qui se sont mobilisés contre l’extrême droite le 24 avril, à qui Macron doit sa réélection, apprécieront d’être considérés comme des « antirépublicains »… par un pouvoir qui n’a cessé de déshabiller la
République de son sens, de la vider de sa raison d’être.
La palme de l’indécence revient à l’ex-ministre des
Sports, Roxana Maracineanu, en ballottage défavorable, qui a exhorté les
électeurs de sa circonscription à rejoindre son « front républicain contre l’extrême gauche », à savoir la
candidate Rachel Kéké. Tremblez, bourgeois, une femme de chambre noire,
syndicaliste à la CGT, pourrait rejoindre les bancs du
Palais-Bourbon ! Si l’Assemblée nationale devient représentative de
la société française, où va-t-on… Seul Pap Ndiaye a sauvé l’honneur en rappelant à ses camarades du gouvernement que « le combat contre l’extrême droite n’est pas un principe à géométrie variable ».
Si le camp présidentiel est si fébrile, c’est qu’il
sent qu’une victoire de la Nupes dimanche prochain n’est pas impossible. La
gauche n’a plus que quelques jours pour convaincre la cohorte des abstentionnistes
qu’ils ont une opportunité extraordinaire de ramener le progrès social au
pouvoir.
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