En 2017, Emmanuel Macron voulait incarner le
renouveau, la nouvelle génération de la vie politique, l’homme qui
transgresse « les clivages et les appareils ». Disruptive et révolutionnaire, son élection
devait être l’avènement de la start-up nation.
Après avoir dissipé très vite les illusions sur le « ni de gauche
ni de droite », pour celles et ceux qui en doutaient ou espéraient, en menant une politique exclusivement orientée pour protéger et favoriser les intérêts du capital, le macronisme a révélé sa vraie nature lors des six derniers mois de
campagne. Incapable de répondre aux crises sociale, environnementale,
géopolitique, il n’aura eu de cesse d’éviter, de contourner ou de refuser le
débat politique avec ses adversaires. Incapable de convaincre et d’emporter
l’adhésion, il aura donc privilégié le néant politique. Ne rien dire, pour que
rien ne change !
Pire, sur un fond d’abstention record au premier tour
des élections législatives, qui indique qu’il n’a aucune majorité d’idées dans
le pays pour appliquer son programme de régression sociale, il a choisi, avec
son gouvernement, d’asséner des vieilles rengaines réactionnaires ou de mépris
de classe à l’intention des candidates et candidats de la Nupes, inquiet de
voir que la coalition de gauche et écologiste remportait le premier tour et
soulevait l’espoir. Son allocution sur le tarmac de l’aéroport, cette semaine,
vaut bien ces quelques mots de Louis Napoléon Bonaparte en 1851 : « Ou bien vous me faites confiance et je vous sauverai,
ou bien vous me dites non et je vous laisse dans les mains des anarchistes et
des coquins. »
Pire encore, le fait qu’une majorité des ministres et
des candidats à la présidentielle renvoie dos à dos ceux de la Nupes et de
l’extrême droite en expliquant qu’il y aurait, d’un côté, des républicains,
c’est-à-dire eux-mêmes, de l’autre, des non-républicains, soit tous les autres,
laissera des traces profondes. Dans une France qui traverse des crises
majeures, où les repères de classes volent en éclats, ces saillies participent
activement à l’état de décomposition politique du pays et à la perte de repères
de nombreux concitoyens. L’extrême droite et ses idées déjà au centre du jeu,
banalisées, en seront les vainqueurs dans les prochaines années.
Dans ce cadre, la seule nouveauté que pourrait
incarner le chef de l’État serait d’être le premier président élu ou réélu à ne
pas avoir de majorité absolue, voire relative, alors que le mécanisme malade
des institutions de la Ve République est conçu précisément dans ce but.
Cela constituerait donc un événement et un fait majeur. Plus la participation
populaire et, en premier lieu, celle de la jeunesse sera haute, plus les
aspirations rencontreront l’espoir d’une autre société dans les isoloirs,
dimanche, et plus haut sera le score de la Nupes. Et à portée de vote, un grand
nombre, une majorité peut-être, de députés de la Nupes élus.
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