En twittant « La police tue », à propos de
la mort d’une jeune femme victime de tirs de policiers se
jugeant en état de légitime défense après un refus d’obtempérer, Jean-Luc Mélenchon a reposé le débat sur le rôle de ces agents dans notre société. En choisissant de nommer les choses dans leur
terrible brutalité, il a créé les conditions pour que cela ne reste pas un
simple fait divers.
La teneur des réactions qu’a suscitées ce tweet montre
en effet que, pour certains, la police ne peut souffrir de critiques. Voire que
ceux qui critiquent des policiers « nuisent à la République et à la démocratie », pour
citer Christian Estrosi, ou se « déshonorent », selon Gérald Darmanin.
Pourtant, le débat autour de l’utilisation d’une arme
à feu par des policiers au nom de la « légitime défense » n’est ni inepte ni anodin. Car ce concept n’est pas un
point aveugle de la stratégie sécuritaire du pouvoir. Comme la doctrine du
maintien de l’ordre musclé, il s’inscrit dans une logique de « violence légitime d’État » comme un outil au service d’une bourgeoisie et
d’un pouvoir fortement contesté. La France des ronds-points, des mobilisations
syndicales, des quartiers populaires goûte dans sa diversité cette « violence légitime ». C’est pour s’assurer de la loyauté de ceux qui
l’exercent que la notion de « légitime défense » a été étendue, non pour que les policiers
puissent défendre légitimement leur vie.
La modification de février 2017 des textes sur les conditions
de l’usage des armes à feu par la police a eu comme conséquence que les tirs
des policiers et gendarmes ont augmenté de 50 % cette année-là, selon une
note interne de l’IGPN, la « police des polices ». Cette modification du concept de « légitime défense », certains
syndicats policiers et partis de droite et d’extrême droite veulent la pousser
plus loin encore en inventant une « présomption de légitime défense ». Si elle était adoptée, une telle mesure n’aurait
comme conséquence que d’augmenter encore l’usage de la force. Et de renforcer
le cercle vicieux : la peur de la police, le refus d’obtempérer, l’usage
de l’arme, la bavure.
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