Le défi était un peu fou : passer du statut de troisième force éliminée dès le premier
tour de la présidentielle à celui de vainqueur des législatives
huit semaines plus tard, dans une élection pensée précisément pour qu’au grand jamais ne se produise ce genre de surprise.
En arrivant au coude-à-coude avec la coalition présidentielle à l’issue du
premier tour, dimanche, et en doublant au passage le Rassemblement national,
relégué à la troisième marche, la gauche a prouvé que le pari n’était pas si
insensé. Mais il faudra faire bien mieux encore pour viser la victoire au
second tour, en convainquant notamment les millions d’électeurs qui ne se sont
pas déplacés. L’abstention était en passe d’égaler le précédent record dans ce
type de scrutin, à 51,3 % des inscrits, selon l’Ifop.
D’ores et déjà, la Nupes peut s’enorgueillir d’avoir
gagné ses galons de principale force d’opposition. En attendant de réaliser
peut-être l’exploit historique et inédit que constituerait le renvoi dans
l’opposition du président de la République fraîchement réélu. Ou, au moins, de
le priver de majorité absolue, comme les premières projections en sièges en
indiquent la possibilité. Le rapport de forces politique du quinquennat,
qu’Emmanuel Macron espérait garanti d’avance, en serait bouleversé. Pour le
meilleur, puisqu’il s’agit, au fond, de créer les conditions d’imposer au chef
de l’État la mise en œuvre d’idées majoritaires dans le pays, comme la hausse
du Smic à 1 500 euros net, le blocage des prix ou le retour de la
retraite à 60 ans.
Nous n’en sommes pas là, mais, sans vendre la peau de
l’ours, le bilan apparaît déjà favorable pour la Nupes au soir du premier tour.
La dynamique de l’union a clairement fonctionné, là où la division de la gauche
avait d’emblée éliminé la plupart de ses représentants en 2017. Nombre de
candidats, députés sortants ou non, pointaient en tête ou pouvaient l’emporter : les
communistes Fabien Roussel dans le Nord, André Chassaigne dans le Puy-de-Dôme, Nicolas Sansu dans le Cher ou encore Bruno Nottin, qui a sorti
Jean-Michel Blanquer dès le premier tour dans le Loiret ; les
insoumis Manuel Bompard à Marseille,
Danielle Simonnet à Paris, François Ruffin dans la Somme ; les socialistes Olivier Faure en Seine-et-Marne, Jérôme Guedj
dans l’Essonne, Valérie Rabault dans le Tarn-et-Garonne ; les écologistes
Sandra Regol à Strasbourg et Stéphane Ravacley dans le Doubs, et tant d’autres.
Bien sûr, l’objectif de décrocher les 289 sièges
qui donneraient à la gauche les mains libres pour gouverner, et qui ouvriraient
les portes de Matignon à Jean-Luc Mélenchon, peut sembler difficile à
atteindre. Mais aucun vote n’est joué d’avance. Une toute nouvelle élection
commence dans chaque circonscription, avec l’inconnue des reports de voix des
candidats éliminés. Un scrutin plus classique pour la gauche, habituée à se
rassembler au second tour. Mais dont l’enjeu reste de mobiliser les
abstentionnistes, en particulier chez les électeurs de gauche de la
présidentielle.
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