Dans la mythologie romaine, parmi les plus
de cent adjectifs accolés au dieu Jupiter, on trouve « invictus ». À savoir invaincu. Le nôtre, qui fait office de locataire de l’Élysée, a déjà été battu aux européennes, aux municipales, aux régionales et, enfin, aux législatives. Voilà Emmanuel Macron au pied du mur, à l’Assemblée nationale, où ses amis sont loin
de compter les 289 députés requis pour gouverner. Le camp présidentiel est
dans le déni et souhaite élargir son horizon. Sa collaboratrice, la première
ministre Élisabeth Borne, a suggéré dimanche qu’il fallait une « majorité d’action ». « Nous pouvons nous rassembler largement », a déclaré celle qui, dans une vie
antérieure, évoluait dans le sillage du PS et qui lorgne désormais les plus de
60 députés de droite. Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, va
même jusqu’à estimer pouvoir « avancer ensemble » avec le RN sur certains sujets.
Les commentateurs découvrent les vertus du
système allemand, avec ses coalitions où le centre règne en maître pour assurer
la continuité néolibérale. À la grande coalition qui unissait, sous Angela
Merkel, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates succède une alliance entre
SPD, Verts et libéraux.
Dans l’immédiat, un élargissement de la
majorité macronienne à droite, logique sur le plan programmatique, ne fait pas
honneur à la démocratie. En effet, lors des scrutins présidentiel et
législatifs, Ensemble !, « Les Républicains » (LR) et la Nupes se sont présentés aux électeurs comme adversaires irréductibles. Une entente entre la coalition
présidentielle et LR reviendrait à piétiner le choix des électeurs, sauf à
changer de système politique où les citoyens sont prévenus que les majorités se
forment au Parlement une fois les législatives passées. C’est la pratique chez
nos voisins belge, italien, allemand, mais où le mode de scrutin est
proportionnel. Avec de telles coalitions post-électorales, le premier ministre
deviendrait le véritable chef de la majorité, reléguant au second plan le chef
de l’État. Jupiter est vaincu ; la Ve République est dépassée.
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