Non, l’événement électoral du week-end n’est pas
(seulement) l’élimination de Manuel Valls dans la 5e circonscription des
Français de l’étranger. Le crash somme toute prévisible de la candidature à la
législative de l’impopulaire ancien premier ministre, recyclé sous l’étiquette
présidentielle, cache un mal bien plus profond qui ronge la majorité sortante.
Partout, chez les électeurs qui votaient par anticipation la semaine passée, les
candidats d’Emmanuel Macron enregistrent de lourdes pertes en scores, et même
en voix, dans un contexte de participation pourtant en hausse. Plus de 15 000 voix se sont évaporées entre 2017 et 2022 pour les tenants de la majorité sortante.
Plus la peine de cacher le malaise. Les mines sont
renfrognées et les fronts plissés. Cette fois, ce n’est pas un sondage, mais
une première secousse d’importance, d’autant qu’elle frappe au cœur un
électorat à l’aise dans la mondialisation, a priori acquis à Emmanuel Macron.
En pourcentages, ce n’est pas un recul, c’est une déroute : – 27 points dans
les 6e et 10e circonscriptions, – 21 dans la 1re, – 19 dans
la 3e et la 7e, – 16 dans la 11e… La majorité présidentielle régresse
dans dix circonscriptions sur onze. Mention spéciale pour la 5e, avec un repli
de 35 points : belle performance, Manuel Valls. Même en y ajoutant
– soyons beaux joueurs – le résultat du « dissident » sortant, le déficit est encore de dix points. Bien sûr, on nous dira que tout cela sera effacé au second tour, que les candidats du parti présidentiel devraient retrouver sans difficultés leurs
sièges. On verra.
Pour l’heure, s’il y a un perdant au premier tour –
sans compter LR, battu partout –, c’est qu’il y a aussi un gagnant, ou plutôt
une gagnante, la Nupes. Sa qualification face aux représentants du macronisme
dans tous les seconds tours sauf un, avec près de 30 % des suffrages en
moyenne, dont deux circonscriptions où elle passe en tête, est déjà une sacrée
victoire. En 2017, la gauche n’était présente que dans cinq seconds tours, le
candidat qualifié ayant parfois rassemblé à peine 10 % des voix au
premier. Les graines de l’union germent déjà. Et la récolte s’annonce
prometteuse.
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