Certains y verront le choix de la raison, de
préférence à la « disruption » qui était la
marque du premier quinquennat d’Emmanuel
Macron. Le choix de la continuité, en quelque sorte, plutôt que de l’ouverture à une personnalité « hors les
murs ». La
nomination à Matignon d’Élisabeth Borne, ministre des Transports puis du
Travail dans le gouvernement Castex, n’innove qu’en un seul domaine : celui de
la promotion d’une femme dans une fonction trop longtemps réservée à la seule gente masculine. On pourra regretter que la
gauche n’ait pas donné l’exemple plus tôt, après que François Mitterrand a
brisé le tabou en confiant à Édith Cresson la tâche de diriger un gouvernement.
C’était entre 1991 et 1992. Il y a trente ans déjà… On se consolera en se
disant que si le flambeau est repris par un président qui n’a guère brillé
jusqu’alors dans la défense des droits des femmes, c’est que le mouvement
féministe est aujourd’hui si fort qu’il fait bouger la société dans ses
tréfonds. En cela seulement, la nomination d’Élisabeth Borne est un signe
positif.
Pour le reste, il n’y a guère de surprise à attendre
de ce qui ressemble à un jeu de chaises musicales à l’intérieur de l’exécutif
sortant. On prend les mêmes et on recommence. Emmanuel Macron échoue d’emblée à
rééditer le principal exploit qui avait fait son succès en 2017 : s’assurer des ralliements de tous les bords pour élargir son assise politique. Le choix d’Élisabeth Borne ressemble ainsi à un rétrécissement. Tout un symbole : entre à Matignon la ministre qui est passée en force sur la
réforme de l'assurance-chômage et celle ouvrant le service ferroviaire au
marché, après des semaines de conflit éprouvant pour les personnels.
Quant à la feuille de route, pas de nouveauté non
plus. Le véritable chef du gouvernement se trouve à l’Élysée. La première
ministre n’est là que pour exécuter sa volonté. La seule surprise ne peut
désormais venir que des législatives, avec la perspective d’une victoire de la Nupes.
Matignon échoirait alors à Jean-Luc Mélenchon. La féminisation de la fonction y
perdrait. Mais l’égalité et, avec elle, le sort de toutes les femmes – et des
hommes – ont tout à y gagner.
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