« La Russie peut perdre la guerre. » De plus en
plus de chancelleries occidentales commencent à penser la suite des événements en Ukraine en ces termes. Au centre de ce nouveau
paradigme, on trouve l’influence
des États-Unis. Washington semble avoir fait fi de toute
précaution et annonce des dizaines de milliards de dollars d’aides militaires
supplémentaires. Le G7, de son côté, a ajouté un nouveau train de sanctions
économiques pour isoler un peu plus la Russie. Un durcissement des États
occidentaux qui les rapproche de plus en plus du statut de cobelligérants.
Certes, la campagne d’Ukraine est plus compliquée pour la Russie que ce que
laissait présager le rapport des forces au démarrage de l’invasion. L’armée
russe a été contrainte de se replier au Nord pour se concentrer au Sud et à
l’Est afin de sécuriser son contrôle de la mer d’Azov et tenter d’achever la
conquête du Donbass. De là à dire que l’Ukraine va gagner la guerre…
D’ailleurs, que signifie gagner la guerre du point de
vue des Occidentaux ? La reconquête des territoires perdus depuis le début de l’offensive russe ? La réintégration des républiques autoproclamées du
Donbass ? Le retour
de la Crimée dans le giron ukrainien ? La
capitulation de Poutine ? Un changement de régime en Russie et en Biélorussie ? Et
pense-t-on vraiment que ces scénarios
puissent se mettre en place sans réaction russe ? Lors du défilé militaire du 9 Mai, Poutine a justifié l’offensive en assurant que l’Ukraine préparait une attaque contre des séparatistes prorusses dans l’est du pays,
voulait se doter de la bombe atomique et était soutenue par l’Otan, menace
existentielle pour la Russie. Il a également assuré tout faire pour que
l’horreur d’une guerre globale ne se répète pas.
Sans être obligé de le croire, il faut cependant voir
dans cette déclaration une base possible pour ouvrir des négociations, à la
condition que la Russie s’engage sur un cessez-le-feu. À l’irresponsabilité de
Poutine, qui promet le feu nucléaire en cas de menace existentielle pour la
Russie, faut-il ajouter l’irresponsabilité de miser sur une défaite militaire
russe qui se produirait dans le cadre d’un conflit conventionnel ? Ce genre
de pari à haut risque est porteur d’immenses dangers pour le monde.
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