En 2019, le premier procès France Télécom fut
exemplaire et le jugement du tribunal correctionnel de Paris entra dans
l’Histoire. Le harcèlement moral managérial institué en système fut alors
décortiqué, analysé et… lourdement condamné. Nous n’oublierons pas de sitôt les
mots de la présidente, empruntant à La Fontaine cette phrase : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Pour la mise en place du plan Next, novlangue
anglo-saxonne d’une véritable machine de guerre sociale ayant entraîné une
crise sans précédent, il fut précisé que « les dirigeants » avaient froidement organisé le « choix
d’une politique à marche forcée ». Seuls 39 cas de victimes avaient été retenus
par les magistrats instructeurs. Dont 19 suicidés…
Comment se déroulera le second procès qui s’ouvre ce
mercredi, puisque les dirigeants, l’ex-PDG Didier Lombard en tête, osèrent
faire appel ? Des sanctions inférieures
seraient perçues, par toutes les victimes, comme un nouveau drame s’ajoutant aux drames qui secouèrent la société française si
durablement. Une nouvelle fois, le rôle de l’État a été laissé à l’écart de la procédure. Plusieurs
gouvernements successifs ont pourtant présidé à cette violente mue de
l’entreprise, transformant l’un de nos fleurons des services publics en groupe
du CAC 40 aux méthodes managériales vautours. Car l’histoire emblématique
de France Télécom dit d’abord et avant tout les logiques infernales de l’ultralibéralisme
poussé aux limites de la négation des travailleurs.
Au seuil de toutes les injustices, quand des femmes et
des hommes sont broyés et poussés au pire, que dire encore de la course à la
rentabilité, des ambiances délétères, du « time to move » ? Figure là tout ce que nous connaissons de l’évolution du travail au sein de l’économie capitaliste. La pression, la précarisation, la subordination, la concurrence entre
salariés, l’individualisation croissante des responsabilités, la
désaffiliation, la sauvagerie du chacun pour soi… France Télécom n’a pas été un
cas isolé. Le travail a aussi tué ailleurs, dans tous les secteurs : Renault,
HSBC, BNP Paribas, La Poste, EDF, Sodexo, Ed, IBM, etc. Ou comment sortir des
solidarités du service public jusqu’au sens du travail.
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