« Plus rien ne doit être comme avant », jurait la main sur le cœur Emmanuel Macron, au soir du premier tour de la présidentielle. On allait voir ce qu’on allait voir, sur le climat, le social… finalement livrés à un trio de technocrates dans un gouvernement Borne
qui reconduit treize membres du précédent, incarnations de la maltraitance
sociale, avec les postes clés laissés aux barons de la droite. Le locataire de
l’Élysée jugeait aussi, fut un temps, qu’ « un ministre mis en examen doit démissionner ». Éric Dupond-Moretti, qui l’est depuis juillet 2021 pour « prise illégale d’intérêts », reste à son poste. Au ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, encore visé par une enquête pour viol, continuera à diriger la
lutte contre les violences sexuelles ! Quant à Damien Abad, l’ex-chef de la prétendue « opposition
de droite », il est nommé ministre
des Solidarités, en dépit d’un signalement pour des faits présumés de viol
adressé à LaREM et
LR.
Même la nomination de l’intellectuel Pap Ndiaye, livré
sciemment en pâture à l’extrême droite, sonne désagréablement faux. Le penseur
du racisme structurel, l’un des plus grands spécialistes français de la
condition noire, des violences policières, qu’il n’a cessé d’éclairer avec
brio, succède au chasseur de sorcières et sa croisade « anti-woke ». Comprendra
qui voudra le cynique coup de billard à trois bandes du locataire de l’Élysée…
L’essentiel du projet Macron II est ailleurs, dans ce
remarquable oxymore formulé par la nouvelle première ministre. Élisabeth Borne
défend donc le recul de l’âge de départ à la retraite… pour « poursuivre le progrès social ». C’est beau comme du Macron, qui devrait aujourd’hui, lors du premier
Conseil des ministres, donner la feuille de route de la casse sociale à venir : retraite à 65 ans,
conditionnement du RSA à du travail gratuit, 10 milliards d’économies sur
le dos des collectivités locales, nouvelle cure d’austérité quand l’État social
s’effondre, que les services d’urgences ferment les uns après les autres…
Heureusement, pour la première fois depuis l’inversion
du calendrier électoral, ce scénario n’a rien d’inéluctable. La Nupes rend
possibles l’échec de Macron et l’espoir d’ouvrir une nouvelle page de progrès
social, le vrai. Cet autre chemin est à portée de vote.
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