C’est l’un des innombrables effets délétères de la
guerre. La violence appelle la violence et corrompt même les esprits qu’on
pensait les mieux armés contre les emportements bellicistes. Le phénomène n’est
pas nouveau : souvenons-nous de ces socialistes conspués par Lénine dans la Faillite de la IIe Internationale, en
1915, pour leur « reniement révoltant », car
passés de l’opposition à la guerre au militarisme farouche dès les hostilités
déclarées.
C’est à croire que les mêmes maux engendrent les mêmes
effets. Comment expliquer que les Verts cheminent, en 48 heures, de la
sortie de l’Otan présentée dans leur programme « comme l’une des premières mesures que prônent les écologistes » à son élargissement revendiqué par l’une de
leurs dirigeantes, en plus de la livraison tous azimuts d’armes à l’Ukraine
réclamée par Yannick Jadot ? Pendant ce temps, à Paris, une improbable coalition belliciste doit tenir meeting ce mardi,
sous la houlette de Bernard-Henri Lévy, à l’affiche duquel le nom de
l’ex-directeur de la CIA et commandant de l’offensive sur Bagdad en 2003, David
Petraeus, voisine avec ceux d’Anne Hidalgo, de Valérie Pécresse, de François
Hollande et d’un représentant d’Emmanuel Macron. Sur les ondes, sur les réseaux
sociaux, la propagande se met en place pour empêcher tout débat, en
moquant « les raisonneurs, les Munichois, les planqués », dixit
le « philosophe » Raphaël Enthoven, prêt comme son compère BHL à se battre avec la vie des autres.
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la
guerre », écrivait Jean Jaurès. L’histoire fourmille d’exemples qui lui donnent raison. De l’Irak à la Libye et l’Afghanistan en passant par le Mali, les catastrophes sur lesquelles a systématiquement débouché l’emploi de la
force pour régler les conflits sont légion. Il est encore temps de stopper
l’engrenage fatal de la violence en Europe. Le doigt sur la bombe nucléaire du
forcené du Kremlin doit conduire chacun à la responsabilité, en appuyant tous
les efforts de cessez-le-feu et de reprise du dialogue.
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