Six à dix-huit millions de morts sur la planète : deux ans
après le début de la
pandémie, ce bilan vertigineux ne résume pas à lui seul la secousse opérée sur nos sociétés. Relations sociales, travail, inégalités… le Covid a tout chamboulé.
« Jusqu’alors, l’épidémie était peut-être pour certains une idée lointaine, elle est devenue une réalité immédiate, pressante. » Le 16 mars 2020, le visage fermé, Emmanuel
Macron évoquait sentencieusement, dans une très longue allocution télévisuelle,
le virus lointain venu de Chine qui avait infecté la planète, notre Grand-Est,
les Hauts-de-France, l’Île-de-France… Le président annonçait enfin ce que
beaucoup avaient présumé, réagissant en remplissant les parcs et les jardins le
week-end précédent : la France allait être mise sous cloche pour la première fois de son histoire.
« Nous sommes en guerre ! » avait-il tonné,
sidérant toute une population sommée de rester cloîtrée chez elle, exception
faite pour ses courses et aller au travail. Toute manifestation était
interdite, toute sortie conditionnée à une autorisation signée, toute réforme
suspendue. Deux ans plus tard et deux confinements plus loin, la France se
démasque. Mais le bilan est lourd et continue de peser. Officiellement, sur les
6 millions de morts dans le monde, la France se hisse au 12e rang
des pays les plus touchés par le coronavirus avec plus de 140 000
victimes. Pour The Lancet, ce solde morbide serait à multiplier par trois.
Après avoir applaudi autrefois les soignants aux
fenêtres, la population réalise aujourd’hui les économies imposées à l’hôpital,
le tri des patients non covidés dont les cancers et autres maladies graves
n’ont pas été traités, les lits que l’on continue à fermer malgré des
hospitalisations tendues, et les indicateurs de souffrance psychique chez les
11-17 ans en augmentation flagrante depuis 2021 et qui ne descendent plus.
Premiers et premières de corvée, travailleurs de
deuxième ligne, métiers invisibles sont enfin apparus dans le débat public.
Mais rien n’est venu corriger les inégalités sociales. Celles-ci ont explosé,
faisant se cumuler les critères de discrimination. Les personnes les plus
défavorisées sur le plan social ont un risque plus élevé d’infection par le
SARS-CoV-2 et de développer des formes graves de Covid. Dans les quartiers les
plus défavorisés des villes, dans les habitations collectives ou surpeuplées,
le risque d’infection est doublé. Les banques alimentaires restent
sursollicitées par rapport à l’avant-crise.
Deux ans plus tard, nos relations sociales évoluent au
ralenti, et les entreprises ont dû revoir leur organisation. Contraints un
temps au télétravail, les salariés y ont pris goût et exigent désormais plus de
souplesse. De leur côté, les entreprises ont évalué les avantages économiques
qu’elles pouvaient en tirer. Mais chacun appréhende encore un modèle en
construction.
Le confinement, la vaccination rendue obligatoire pour
exercer certains métiers et le passe vaccinal ont contraint les mouvements et
attaqué les libertés fondamentales. Les retrouverons-nous toutes, le
31 juillet, date annoncée pour la fin de l’état d’urgence sanitaire ? Il faudra
y veiller.
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