mardi 22 février 2022

« Un fragile espoir venu de France », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



La situation en Europe orientale est encore loin d’être réglée. Mais la guerre, annoncée comme imminente et inéluctable, attendra... ne serait-ce que quelques heures ou quelques jours. Pour le monde, c’est une bonne nouvelle. Pour Joe Biden, c’est presque un camouflet. Car, derrière cet apaisement, aussi incertain et temporaire soit-il, c’est la voix des États-Unis qui est fragilisée. Chaque jour depuis maintenant plusieurs semaines, Joe Biden déclare que la Russie va envahir l’Ukraine et, chaque jour, il est démenti par la réalité. Pour le président américain, l’identification de la Russie à l’ennemi répond à plusieurs objectifs stratégiques. À commencer par un nouvel élargissement de l’Otan à l’Ukraine, rendant Moscou accessible aux missiles de moyenne portée. Et ce d’autant plus que le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire – ou traité FNI na pas été reconduit en 2019. Mais, du côté russe, cest aussi la volonté de replacer lUkraine dans une zone dinfluence historique et den faire une démonstration de puissance.

De ce bras de fer qui a également des implications intérieures pour chacun des protagonistes, il n’y a pas grand-chose à attendre. La possibilité de désescalade ne peut venir que d’ailleurs. Et c’est bien ce qu’il se passe avec l’intervention de la France, soutenue par l’Allemagne. Les différents échanges que le président Macron a menés avec ses homologues russe et américain ne sont pas pour rien dans le début d’apaisement. Certes, Moscou juge «prématurée» la tenue d’un sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden, mais celui-ci reste une hypothèse crédible. Il devrait être à l’ordre du jour de la rencontre de jeudi entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et son homologue russe, Sergueï Lavrov.

Les interventions et le rôle de médiateur joué par le président français dans cette affaire prouvent que la paix et le monde y gagnent lorsque la France n’est pas purement et simplement alignée sur les intérêts états-uniens relayés par l’Alliance atlantique. Même si rien ne garantit que la paix l’emporte, la partition originale que joue la France est utile. Il fallait le souligner et en prendre acte.

 

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