La situation en Europe orientale est encore loin
d’être réglée. Mais la guerre, annoncée comme imminente et inéluctable,
attendra... ne serait-ce que quelques heures ou quelques jours. Pour le
monde, c’est une bonne nouvelle. Pour Joe Biden, c’est presque un camouflet.
Car, derrière cet apaisement, aussi incertain et temporaire soit-il, c’est la
voix des États-Unis qui est fragilisée. Chaque jour depuis maintenant plusieurs
semaines, Joe Biden déclare que la Russie va envahir l’Ukraine et, chaque jour,
il est démenti par la réalité. Pour le président américain, l’identification de
la Russie à l’ennemi répond à plusieurs objectifs stratégiques. À commencer par
un nouvel élargissement de l’Otan à l’Ukraine, rendant Moscou accessible aux
missiles de moyenne portée. Et ce d’autant plus que le traité sur les forces
nucléaires à portée intermédiaire – ou traité FNI – n’a pas été reconduit
en 2019. Mais, du côté russe, c’est aussi la volonté de replacer
l’Ukraine dans une zone d’influence historique et d’en faire une
démonstration de puissance.
De ce bras de fer qui a également des implications
intérieures pour chacun des protagonistes, il n’y a pas grand-chose à attendre.
La possibilité de désescalade ne peut venir que d’ailleurs. Et c’est bien ce
qu’il se passe avec l’intervention de la France, soutenue par l’Allemagne. Les
différents échanges que le président Macron a menés avec ses homologues russe
et américain ne sont pas pour rien dans le début d’apaisement. Certes, Moscou
juge « prématurée » la tenue d’un sommet entre Vladimir Poutine et
Joe Biden, mais celui-ci reste une hypothèse crédible. Il devrait être à
l’ordre du jour de la rencontre de jeudi entre le secrétaire d’État américain,
Antony Blinken, et son homologue russe, Sergueï Lavrov.
Les interventions et le rôle de médiateur joué par le
président français dans cette affaire prouvent que la paix et le monde y
gagnent lorsque la France n’est pas purement et simplement alignée sur les
intérêts états-uniens relayés par l’Alliance atlantique. Même si rien ne garantit
que la paix l’emporte, la partition originale que joue la France est utile. Il
fallait le souligner et en prendre acte.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire