Les jeux Olympiques n’ont jamais été une simple
affaire de sport. Et ceux qui s’ouvrent aujourd’hui à Pékin ne dérogeront pas à
la règle. Les athlètes n’ont pas encore chaussé leurs bottes de ski que la
compétition diplomatique, elle, s’est déjà élancée depuis plusieurs semaines
sur fond de pressions politiques et d’appels au boycott. Sous couvert de
protester contre le sort réservé aux minorités musulmanes du Xinjiang et aux
opposants de Hong Kong, plusieurs pays ont décidé, dans le sillage des
États-Unis, de ne pas envoyer de délégation d’officiels en Chine.
Une pression politique destinée à pointer les
atteintes aux droits de l’homme. Mais surtout, en ce qui concerne Washington, à
exploiter la vitrine des jeux Olympiques, et ses trois milliards de
téléspectateurs, pour mobiliser l’opinion contre Pékin et affaiblir, du moins
symboliquement, son grand rival économique. Ce boycott de circonstance n’aura
pas les effets escomptés. Peu de pays ont répondu à l’appel des États-Unis. Et
les quelques absences dans les gradins passeront inaperçues. En revanche,
l’initiative aura produit son lot de tensions et dessiné, toujours plus, une
ligne de démarcation entre les deux puissances. À l’évidence, quand bien même
l’intention première serait d’infléchir la politique chinoise en matière de
respect des droits de l’homme, l’arme du boycott, qui fait peser la
responsabilité sur les épaules des athlètes, n’est pas la bonne. En l’espèce,
elle permet surtout de s’affranchir à bon compte des efforts diplomatiques à
réaliser, de manière constante et désintéressée, en faveur du respect du droit
international. Ne demandons pas aux sportifs de pallier l’inaction des
gouvernants.
Pour la Chine, ces Jeux – les deuxièmes après ceux
d’été en 2008 – revêtent un enjeu crucial. À travers sa réussite sportive et
son organisation millimétrée, en dépit des difficultés sanitaires et
d’enneigement, Pékin entend démontrer sa puissance sur la scène internationale.
Et renforcer la cohésion nationale, tout comme le soutien au pouvoir en place,
face aux « menaces » venues hors de ses frontières. En ce
sens, le boycott diplomatique mené par les États-Unis conforte cette stratégie des autorités chinoises. Et éloigne
toujours plus l’esprit olympique
qui voulait rapprocher les peuples.
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