La réponse a le mérite d’être claire. Elle n’en est pas moins accablante.
Interrogé lundi, sur une possible levée des brevets afin de faciliter l’accès
aux vaccins de la population mondiale, le ministre délégué au Commerce
extérieur, Franck Riester, a opposé une fin de non-recevoir : « Non, nous ne voulons pas remettre en cause le système de propriété intellectuelle. » Fermez le ban. Position dogmatique partagée par l’UE.
Lundi, les 27 États membres, défendant pour certains leur conglomérat
pharmaceutique, ont exclu cette revendication portée par les pays émergents,
dont nombre d’États africains. Ces derniers en referont la demande jeudi lors
d’un sommet continental. Sans grand espoir.
Pour la France, cette clarification a le goût de la trahison. En début de
pandémie, Emmanuel Macron était le fer de lance des vaccins comme « biens publics mondiaux ». On allait voir ce qu’on allait voir. Depuis, le
président a multiplié les codicilles pour mieux préserver la rente financière
de Big Pharma. Qu’importent les inégalités à l’échelle mondiale (plus de
70 % de vaccinés en Europe contre 10 % en Afrique) et leurs répercussions
sanitaires (moins il y a de vaccinés, plus le virus circule et les variants se
multiplient), le fameux « business as usual » continue de
prévaloir sur la santé mondiale. Le duopole privé – Moderna et
Pfizer/BioNTech – peut dormir sur son tapis d’or. Faute de volonté
politique, il garde son pouvoir de décider qui produit son vaccin et à quel
prix, se contentant de déléguer une partie de la production à des partenaires,
tout en continuant de maîtriser seul l’ensemble de la chaîne de fabrication. La
lutte contre le Covid s’en trouve bridée. À l’inverse des cours de Bourse.
Face à ce scandale, certaines initiatives contournent l’obstacle. Des
chercheurs texans, à l’origine du vaccin Corbevax, ont renoncé à breveter leur
découverte et permettent à l’Inde de produire 300 millions de doses à des
prix sans concurrence. En Afrique du Sud, des scientifiques ont réussi, eux, à
reproduire à petite échelle le vaccin de Moderna. Ces tentatives mériteraient
le soutien appuyé des grandes puissances. Plutôt que des démonstrations de
lâcheté et d’égoïsme nationaux.
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